Keïta Fodéba: Triste fin pour un génie qui s’est compromis

Un homme de culture et de science ne doit pas servir une dictature car la dictature finit toujours par manger ses enfants.
Le propre de la dictature est qu’elle réussit à transformer les intellectuels les plus brillants en de petits exécutants des œuvres macabres.
Fodéba Keïta (1921-1969) est un écrivain, danseur, dramaturge, compositeur et homme politique guinéen. Le Guinéen Keïta Fodéba fut un homme d’une grande créativité artistique, un homme au destin tragique, un homme très controversé et qui a marqué son temps.
En 1940, il est à l’Ecole normale William Ponty (Sénégal) d’où il sortira instituteur en 1943.
En 1948, il crée un orchestre nommé Sud Jazz. La même année, il fait alors venir à Paris son compatriote et très célèbre guitariste, arrangeur et interprète Kanté Facelli avec qui il fonde, en compagnie du chanteur camerounais Albert Mouangué, l’Ensemble Fodéba-Facelli-Mouangué.
Il suit des études de droit à Paris. Après l’obtention d’un premier certificat, il décide de se consacrer au théâtre en 1948. En 1949, il lance le Théâtre Africain de Keïta Fodéba. Puis il retourne en Guinée où il fonde les Ballets africains de Keïta Fodéba en 1950, et Les Ballets Africains de la République de Guinée après l’indépendance du pays, le 2 octobre 1958. La Guinée possède alors le plus grand ballet d’Afrique. Un ballet sollicité partout dans le monde.
Simultanément, Fodeba publie un recueil de Poèmes africains (1950) et un roman intitulé Le Maître d’école (1952).


Engagé politiquement, il rejoint Sékou Touré en 1956. En 1961, il est nommé ministre de la Défense nationale et de la Sécurité, chargé de découvrir et de réprimer les complots (véritables ou supposés) dont Sékou Touré pourrait être victime.
En 1969, accusé lui-même de complot, Keita Fodeba est arrêté et incarcéré au camp Boiro, qu’il avait lui-même contribué à créer.
Soumis à la « diète noire » (privation d’eau et de nourriture), le co-auteur de l’hymne national de la Guinée, est fusillé le 27 mai 1969.
Sentant sa fin proche, il écrivit alors sur les murs de sa cellule du camp Boiro : « J’étais chargé d’arrêter tous ceux qui étaient susceptibles d’exprimer la volonté du peuple ….J’ai toujours œuvré pour l’injustice. J’ai toujours servi cette cause injuste. Pour servir cette cause injuste, j’avais inventé des complots afin de pouvoir faire liquider tous ceux qui étaient susceptibles d’exprimer la volonté du peuple de la Guinée martyre. »
Arol KETCH -12.04.2021
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