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𝐒𝐢𝐬𝐬𝐚𝐀𝐚 𝐒𝐞𝐀𝐚𝐮 𝐂𝐡𝐞𝐢𝐀, 𝐥𝐞 𝐌𝐚𝐥𝐢𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐢 𝐊𝐮𝐫𝐊𝐮𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐚̀ 𝐥’𝐚𝐫𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐝’𝐀𝐡𝐊𝐚𝐝𝐚𝐮 𝐀𝐡𝐢𝐝𝐣𝐚

C’est l’histoire singuliÚre d’un Malien devenu l’une des figures les plus influentes du Cameroun au temps du président Ahmadou Ahidjo. Né à Kayes, au Mali, Sissoko Sekou Cheik débarque au Cameroun en tant que fonctionnaire de l’assistance publique française.

Médecin de formation, il gravit rapidement les échelons et entre dans l’histoire politique du pays.

Le 20 février 1958, il est nommé Secrétaire d’État aux Finances dans le tout premier gouvernement de pré-indépendance formé par Ahmadou Ahidjo.

Il conserve ce poste au sein des gouvernements successifs du 10 mai et du 18 juin 1959. Membre influent de l’Union Camerounaise (UC), il est également député à l’Assemblée Législative du Cameroun (ALCAM).

AprÚs avoir quitté le Parlement, il devient chef de cabinet du président Ahidjo, véritable bras droit du chef de l’État. Plus qu’un conseiller, il est la tête pensante à qui le président soumet toutes ses décisions stratégiques.

Sissoko fait partie du cercle trÚs restreint d’intimes qui gÚrent les dossiers sensibles de la jeune République. Sa proximité avec Ahidjo est telle qu’il s’occupe même de ses affaires personnelles. Un conseiller français de l’époque le décrit crûment comme l’homme qui « fournissait Ahidjo en alcool et en chair féminine », preuve qu’aucun secret ne semblait exister entre eux. Ahidjo l’introduit auprÚs de ses homologues africains.

Sissoko Sekou Cheik joue un rÃŽle actif dans plusieurs moments-clés de l’histoire du Cameroun, notamment la Conférence de Foumban, du 17 au 22 juillet 1961, qui marque un tournant dans l’unification du pays.

Il fait également partie des artisans de la création de la Cameroon Airlines (CAMAIR), qu’il pilote de bout en bout, avant d’en devenir le directeur des affaires extérieures et d’être contraint à la démission des années plus tard par le Président Ahidjo.

C’est également lui qui introduit Paul Biya à l’Intercontinental de GenÚve en 1968, à un moment où le futur président connaît des tensions conjugales. Ce séjour, offert par Ahidjo sur les conseils de Sissoko, marquera Paul Biya, qui adoptera dÚs lors cet hÃŽtel comme résidence favorite à l’étranger.

Il occupera aussi le poste de secrétaire général du ministÚre des Affaires étrangÚres. Plusieurs figures politiques camerounaises doivent leur ascension à son influence, à commencer par René Sadi. En effet, Sissoko avait été le supérieur du pÚre de Sadi à Meiganga.

C’est lui qui présentera le jeune René au président Ahidjo, lequel lui offrira ensuite des postes de plus en plus prestigieux. Peu de gens savent qu’en 1982, au moment de sa démission, Ahidjo souhaite que Sadi devienne son conseiller technique, preuve de la confiance installée par cette introduction.

Fort de sa position auprÚs du président, Sissoko Sekou Cheik se construit un impressionnant réseau international et en tire de substantielles richesses. Vers le milieu des années 1970, il décide de prendre son envol. Il exploite alors les relations établies grâce à Ahidjo pour se repositionner sur l’échiquier diplomatique africain.

Il se rapproche du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, qui en fait son envoyé spécial, et intensifie ses liens avec le Mali, notamment avec le président Moussa Traoré.

Ahmadou Ahidjo se sent trahi. Il confiera sa déception à Samuel Eboua, alors secrétaire général à la présidence :

« Voyez-vous, Sissoko est un opportuniste hors pair. Depuis l’affaire de la Camair, je ne le vois plus que par intermittence. Il est en CÃŽte d’Ivoire où il possÚde une villa, à Dakar, à Bamako, à Paris
 Il ne passe plus au Cameroun que pour vingt-quatre heures avant de repartir.

Il a renoué avec son pays, le Mali. Il a ses entrées auprÚs de Moussa Traoré et rend réguliÚrement visite à son pÚre. Pendant ce temps, il veille à ne pas couper les ponts avec le Cameroun, où il reste influent grâce à l’amitié que l’on nous prête. J’ai néanmoins autorisé qu’on lui délivre un passeport diplomatique camerounais. »

L’oubli est la ruse du diable !

Arol KETCH – 24.04.2025

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