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Parmi les figures marquantes du maquis camerounais ร  la fin des annรฉes 1950, Jรฉrรฉmie Ndรฉlรฉnรฉ occupe une place centrale. Chef militaire redoutรฉ dans la rรฉgion de Bamendjo (Ouest-Cameroun), il fut lโ€™un des principaux adversaires de lโ€™armรฉe coloniale franรงaise et de ses auxiliaires camerounais.

Son parcours illustre ร  la fois lโ€™organisation des maquis UPC, la brutalitรฉ de la rรฉpression coloniale et la volontรฉ dโ€™รฉradiquer les foyers de rรฉsistance armรฉe.

Lโ€™รฉmergence dโ€™un chef de maquis

Originaire de Bamendjo, Ndรฉlรฉnรฉ sโ€™impose dรจs 1958-1959 comme un leader militaire reconnu dans lโ€™Ouest.

Alors que la rรฉpression contre lโ€™UPC pousse de nombreux militants dans la clandestinitรฉ, il parvient ร  fรฉdรฉrer autour de lui un noyau de combattants dรฉcidรฉs ร  poursuivre la lutte armรฉe.

Son maquis devient rapidement lโ€™un des plus importants de la rรฉgion bamilรฉkรฉ. Tradipraticien rรฉputรฉ, les populations lui attribuent des pouvoirs mystiques. Initialement, Ndรฉlรฉnรฉ ignore les rรฉels fondements du combat de lโ€™UPC ; mais peu ร  peu ; il finit par rallier le combat mรชme sโ€™il est quelques fois en conflits et en rivalitรฉ avec des chef de maquis comme Paul Momo.

Les archives militaires franรงaises dรฉcrivent sa zone dโ€™influence comme ยซ une vรฉritable forteresse ยป, difficilement pรฉnรฉtrable par les forces de lโ€™ordre.

Le gรฉnรฉral Briand reconnaรฎt en 1960 que ยซ lโ€™action dโ€™une seule compagnie en nomination paraissant insuffisante pour lโ€™รฉliminer, de nouvelles opรฉrations plus importantes sโ€™avรจrent nรฉcessaires ยป. Cette reconnaissance illustre la crainte quโ€™inspirait Ndรฉlรฉnรฉ au sein de lโ€™appareil colonial.

Une organisation structurรฉe

Ndรฉlรฉnรฉ se distingue par sa capacitรฉ ร  organiser et structurer son mouvement. Ses troupes disposent dโ€™une hiรฉrarchie claire, dโ€™un systรจme de ravitaillement en armes et munitions, ainsi que dโ€™un rรฉseau de renseignement รฉtroitement liรฉ aux populations locales.

Un rapport de la Sรปretรฉ de juillet 1960 note que ยซ [la population] de Bamendjo, aux ordres de Ndรฉlรฉnรฉ Jรฉrรฉmie, parvient ร  subsister au Sud-Est de Mbouda ยป, signe de la fidรฉlitรฉ que lui accordaient les habitants malgrรฉ la rรฉpression.

Ses hommes, estimรฉs entre 300 et 2 000 selon les pรฉriodes, mรจnent des opรฉrations de harcรจlement contre les postes militaires et incarnent la persistance dโ€™une rรฉsistance armรฉe dans la rรฉgion.

La traque militaire

Face ร  cette menace, les autoritรฉs coloniales et, dรจs 1960, le nouvel ร‰tat camerounais dโ€™Ahmadou Ahidjo, font de Ndรฉlรฉnรฉ une cible prioritaire.

Les opรฉrations militaires de grande envergure se multiplient dans lโ€™Ouest, combinant :

* des actions de quadrillage et de ratissage (ยซ opรฉrations Alpha ยป, ยซ ABC ยป) ;

* le recours ร  des informateurs et des trahisons internes ;

* une guerre psychologique visant ร  isoler les maquis des populations.

Les rapports militaires insistent sur lโ€™importance dโ€™ยซ รฉliminer ยป Ndรฉlรฉnรฉ pour affaiblir durablement la rรฉsistance. En octobre 1960, un document de lโ€™armรฉe franรงaise mentionne explicitement ยซ le projet dโ€™รฉliminer certains chefs ยป, dont Ndรฉlรฉnรฉ.

La mort de Ndรฉlรฉnรฉ

Aprรจs lโ€™assassinat de Fรฉlix Moumiรฉ ร  Genรจve en novembre 1960 et la mort de Paul Momo, Ndรฉlรฉnรฉ devient lโ€™une principale figure ร  abattre. On lui attribuait des pouvoirs mystiques.

La lรฉgende de son invincibilitรฉ sโ€™รฉtait rรฉpandue dans la rรฉgion ; criblรฉ dโ€™amulettes, il disait que les balles nโ€™avaient aucun effet sur lui.

Le 24 novembre 1960, il est localisรฉ prรจs de Bakadjou, dans une zone marรฉcageuse. Les archives rapportent quโ€™ยซ ร  12h00, il quitte sa cache pour se rapprocher des marรฉcages et tombe dans lโ€™embuscade ยป tendue par plusieurs sections.

Il est tuรฉ lors de cette opรฉration dirigรฉe par le capitaine Plissonneau et revendiquรฉe comme une victoire majeure. Sa dรฉpouille est dรฉgradรฉe pour dรฉsacraliser le mythe de son ยซ invincibilitรฉ ยป.

Le rapport officiel souligne que ยซ la compagnie qui a abattu le grand chef rebelle Ndรฉlรฉnรฉ Jรฉrรฉmie ร  Bamendjo lors des derniรจres opรฉrations de ratissage de lโ€™armรฉe franรงaise ร  Mbouda ยป mรฉrite une dรฉcoration militaire.

Hรฉritage et mรฉmoire

La mort de Ndรฉlรฉnรฉ sโ€™inscrit dans la stratรฉgie coloniale et nรฉocoloniale de dรฉcapitation des maquis UPC. Comme Paul Momo ou Martin Singap, il est รฉliminรฉ avec lโ€™appui direct des services de renseignement franรงais, qui fournissent les informations cruciales ร  leurs unitรฉs.

Pour lโ€™armรฉe, sa disparition constitue une victoire dรฉcisive dans la ยซ pacification ยป de lโ€™Ouest. Mais pour les populations locales et la mรฉmoire militante, Jรฉrรฉmie Ndรฉlรฉnรฉ demeure une figure de rรฉsistance, symbole de courage face ร  une rรฉpression impitoyable.

Lโ€™oubli est la ruse du diable !

Arol KETCH โ€“ 10.09.2025

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