Quand on retrace lâhistoire de la presse camerounaise, ce sont presque toujours les journalistes qui occupent le devant de la scÚne. Pourtant, une autre catégorie dâartistes, tout aussi essentiels, reste souvent reléguée dans lâombre : les caricaturistes.
Ces seigneurs du crayon avaient et ont encore ce don singulier de croquer les travers de notre société en quelques traits, tout en nous arrachant un sourire complice.
Le premier dâentre eux fut Thomas Durand Kiti. AprÚs avoir fait les beaux jours du journal La Gazette avec sa bande dessinée culte « Les aventures de Sam Monfong » , il rejoint le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune. Audacieux, il fut également le premier à oser caricaturer le président Amadou Ahidjo dans Cameroun Sports en 1982.
Aux débuts de Cameroon Tribune, un autre crayon marqua les esprits : celui de Titaâa, dont les personnages sombres et expressifs posaient les bases dâune caricature « officielle » encore balbutiante.
Puis vint Lemana Louis Marie, dit Lemana. Son style plus élaboré ouvre la voie à la série Pepâs ballon, qui abordait avec humour les maux de lâépoque : corruption, rapports de genre, vie sociale⊠Pendant une dizaine dâannées, il a fait vivre la rubrique « Les petits desseins du sourire » et a ainsi contribué à rapprocher les lecteurs de leur quotidien avec finesse et pertinence.
Peu de gens le savent, mais Lemana est aussi lâauteur du sceau de la République du Cameroun et de plusieurs timbres fiscaux. AprÚs une carriÚre dans la publicité et lâassurance, il sâest éteint en 1997, laissant derriÚre lui un héritage graphique considérable.
à sa suite, Cameroon Tribune a accueilli Janvier Mana, puis Jean Florent Goawé, plus connu sous le nom de Goâaway, en 1988. Issu du Club des arts plastiques de lâUniversité de Yaoundé I, Goâaway a apporté une nouvelle énergie au dessin de presse.
Ses rubriques Le sourire du jour et Clin dâÅil de Goâaway sont trÚs tÃŽt devenus des rendez-vous incontournables, alliant humour, satire subtile et regard critique sur la société. En six années de carriÚre à la SOPECAM, Goâaway a produit prÚs de 1 600 Åuvres publiées dans Cameroon Tribune.
Son style espiÚgle et raffiné séduisait par sa capacité à faire réfléchir sans heurter, à éveiller les consciences avec élégance. Disparu prématurément au milieu des années 1990, Goâaway laisse néanmoins une empreinte durable, un héritage immense.
Un livre numérique collectif gratuit lui a dâailleurs été consacré pour perpétuer sa mémoire et inspirer de nouvelles générations de caricaturistes.
Ces pionniers : Kiti, Titaâa, Lemana, Mana, Goâaway etc. ont jeté les bases du dessin de presse et de la bande dessinée au Cameroun, bien avant la libéralisation de la presse dans les années 1990. Précurseurs dans lââme, ils ont prouvé que le trait pouvait être à la fois une arme de critique sociale et un vecteur de sourire.
Augustin Ndjoa, dit Retin a aussi marqué les esprits.
Le vent démocratique dans les années 90 a favorisé lâémergence de caricaturistes percutant dont Nyemb Popoli du Messager Popoli (1993) .
Avez-vous connu ces caricaturistes ? Lequel est votre préféré ?
Je vous recommande le livre numérique gratuit sur Jean Florent Goawé (Goâaway)
Lâoubli est la ruse du diable !
Arol KETCH â 12.09.2025
Rat des archives
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