Samora Machel, « Le rebelle »


« La plus belle chose dans la vie d’un homme, c’est de vivre libre, indépendant. Il peut n’avoir rien à manger, ni rien pour se vêtir, mais il est libre » Samora Machel
Très jeune déjà, il n’hésitait pas à se rebeller contre les injustices. Son surnom de « rebelle », il le gagne alors qu’il est élève à la mission catholique proche de son village. Ses camarades de classe l’ont surnommé « Le rebelle » à cause de son insoumission à l’autorité et de sa disposition à toujours défendre les plus faibles. Faute de moyens financiers, le jeune « rebelle » est obligé d’arrêter ses études. Il arrive néanmoins à suivre une formation d’infirmier et est rapidement embauché dans l’un des hôpitaux de la capitale Lourenço Marquès (devenue Maputo).
C’est sa rencontre avec le jeune intellectuel mozambicain Eduardo Mondlane en 1961 qui l’aidera à basculer dans la lutte contre le colonialisme portugais au Mozambique. En 1963, il choisit de rejoindre la lutte indépendantiste contre la puissance coloniale auprès du Front de Libération du Mozambique (FRELIMO) d’Eduardo Mondlane. En 1969, Mondlane est assassiné. Rapidement, Machel s’impose comme le nouveau leader et prend la tête du FRELIMO.
Samora Machel, « Le rebelle » devient le tout premier président de la République populaire du Mozambique indépendante. Poste qu’il occupera de 1975 à sa mort en 1986. Le 19 octobre 1986, Samora Machel revient du sommet de Lusaka lorsque l’avion dans lequel il se trouve s’écrase sur les montagnes Lebombo en Afrique du Sud. Samora Machel et 24 autres passagers sont déclarés morts.


Le Premier ministre Joaquim Chissano assure alors l’intérim et est élu président le 6 novembre 1986. Cet accident suspect a longtemps été considéré comme un attentat. Certaines hypothèses soutiennent que ce sont les services secrets sud-africains qui ont utilisé une technologie obtenue auprès du Mossad israélien pour détourner l’appareil et induire en erreur le pilote. Les appareils de navigation, et en particulier l’altimètre, les montagnes alors qu’il était en fait en train de filer tout droit dedans. C’est cette thèse que semble partager Joaquim Chissano, le successeur de Machel :
«Nous avons demandé une enquête, les sud-africains ont refusé prétextant que l’enquête était terminée et qu’il n’était pas possible d’en apprendre davantage. Pourquoi ont-ils refusé ? C’est une question très sensible. Ça me rappelle d’autres situations semblables. Comme celle que Yasser Arafat en personne m’a racontée. Un avion dans lequel il se trouvait aurait été dévié de la même manière. Mais il a eu la chance d’atterrir dans le désert. Il y a aussi l’assassinat d’Olof Palme (homme politique suédois opposé à l’apartheid) qui est resté un mystère pendant très longtemps et je ne sais pas s’il a été élucidé. Ça me rappelle ce genre de chose. Nous avons donc l’intime conviction qu’il y a eu une intervention du régime raciste de l’apartheid dans la mort de Samora Machel. C’est pour ça qu’ils ne voulaient pas qu’on enquête. Et même une fois l’apartheid aboli, les militaires n’ont pas voulu parler »
L’Afrique du Sud raciste avait toutes les raisons de vouloir tuer Samora Machel car il avait abrité en Mozambique des mouvements de libérations sud-africains (ANC) et rhodésien (ZANU). En 2007, un proche de Samora Machel, Jacinto Veloso soutient dans ses mémoires (Memórias em Voo Rasante), que la mort de Samora Machel serait due à un complot organisé par l’Afrique du Sud et l’URSS.*
En effet, l’URSS voyait d’un très mauvais œil l’éloignement du Mozambique et son rapprochement avec le block occidental. Peu de temps avant sa mort, Machel le rebelle avait d’ailleurs invectivé l’ambassadeur soviétique lorsque celui-ci lui demandait des explications sur son supposé rapprochement idéologique avec l’occident. Machel lui aurait lancé « Vai à merda!».
Il aimait rappeler ceci : « Le jour où vous entendrez les Blancs parler de moi en bien, ce jour-là, ne partagez plus vos secrets avec moi car cela voudra dire que je vous aurais déjà trahis »
Extrait de mon livre : Surnoms des hommes et femmes qui ont marqué l’Histoire contemporaine de l’Afrique
Arol KETCH – 25.06.2020
Fourmi Magnan égarée

Arol KETCH - Rat des archives

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