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𝐍𝐞́𝐜𝐫𝐚𝐥𝐚𝐠𝐢𝐞: 𝐊𝐚𝐀𝐚 𝐀𝐭𝐞𝐛𝐚, 𝐮𝐧𝐞 𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐊𝐮𝐬𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐚𝐊𝐞𝐫𝐚𝐮𝐧𝐚𝐢𝐬𝐞 𝐬’𝐞𝐬𝐭 𝐞́𝐭𝐞𝐢𝐧𝐭𝐞

𝐍𝐞́𝐜𝐫𝐚𝐥𝐚𝐠𝐢𝐞: 𝐊𝐚𝐀𝐚 𝐀𝐭𝐞𝐛𝐚, 𝐮𝐧𝐞 𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐊𝐮𝐬𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐚𝐊𝐞𝐫𝐚𝐮𝐧𝐚𝐢𝐬𝐞 𝐬’𝐞𝐬𝐭 𝐞́𝐭𝐞𝐢𝐧𝐭𝐞

C’est une immense perte pour le monde de la musique. Koko Ateba, chanteuse, guitariste, auteure, compositrice et interprÚte, s’est éteinte ce 13 décembre 2024 à Paris.

Chanteuse, guitariste, auteure, compositrice et interprÚte, Koko Ateba est une grande voix de la chanson camerounaise dont la carriÚre fut plombée en 1988 par l’arbitraire. Elle avait tout pour réussir dans la musique et propulser la musique camerounaise au niveau international. Artiste éclectique et complÚte, elle évolue aisément sur différents registres et chante avec facilité en plusieurs langues (Français, Anglais, Douala, Ewondo, Pidgin, etc). DÚs ses débuts, son style unique rend sa musique internationale ; elle ne se cantonne pas dans un rythme local en particulier.

𝐔𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐚𝐮𝐫𝐬 𝐊𝐚𝐫𝐪𝐮𝐞́ 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞 𝐭𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐢𝐚𝐧

DÚs son plus jeune âge, Koko Ateba se découvre une passion pour la musique. À seulement 3 ans, elle rêve déjà de suivre les traces de la légendaire Anne-Marie Nzié.

Élevée à Douala, elle excelle à l’école, où elle brille par son intelligence et son application. Mais sa vocation artistique prend rapidement le dessus, au grand regret de ses parents, lorsqu’elle décide d’abandonner ses études en terminale pour se consacrer pleinement à la musique.

Elle chantait déjà pendant les vacances scolaires et suivait les artistes comme Beti Beti dans la ville de Nkongsamba ; c’est d’ailleurs là-bas qu’elle fit la connaissance d’Elvis Kemayo et de Henry Njoh. Toujours pendant les vacances scolaires, elle chantait au Philanthrope, une boîte de nuit huppée de Yaoundé à cette époque. Encouragée par ses proches, elle monte sur scÚne à 15 ans, une expérience fondatrice qui confirme sa vocation.

C’est dans cette boîte qu’elle fait la rencontre de l’ingénieur de son Ambroise Voundi. Ce fut une longue période d’apprentissage durant laquelle elle fit ses premiÚres leçons de guitare avec Sade Gide comme professeur.

𝐋’𝐞𝐬𝐬𝐚𝐫 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐚𝐫𝐫𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐩𝐫𝐚𝐊𝐞𝐭𝐭𝐞𝐮𝐬𝐞

A Yaoundé, elle fait la rencontre des artistes en herbe comme Claude Ndam, Ottou Marcellin, Jean Yves Oloko etc. habités par la passion, ils jouent ensemble et commencent à monter leurs propres spectacles. La chance leur sourira lorsque Manu Dibango les prendra sous son aile.

Grâce à ses conseils et son soutien, ils commencent à devenir plus professionnels en jouant tous les soirs dans son cabaret soir au village à Yaoundé.

En 1982, elle interprÚte la musique du film L’amour des femmes du réalisateur suisse Michel Soutter, composée par Patrick Juvet.

En 1986, paraît l’album Talk Talk où elle s’illustre sur la scÚne nationale avec des titres comme Je Suis Bien Ici, Yomeyel Ayop, Nelson Mandela, Milik, A Ndol’ Am, Talk Talk ou encore Taxi. Avec cet album, elle propose au public une musique susceptible de conquérir le monde entier. Cet album est l’un des plus aboutis de cette décennie 80-90 au Cameroun. Dans cet album complet, elle chante à la fois en ewondo, en douala, en anglais, en français, en pidjin etc.

Le titre Je suis bien ici, véritable mélodie atemporelle a connu un immense succÚs. Sa chanson Taxi a aussi connu un grand succÚs, cette chanson apparemment anodine est en réalité le fruit d’un exercice d’autodérision de haute facture. Sa carriÚre commence à prendre son envol et elle est sollicitée de partout.

𝐋’𝐢𝐧𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐛𝐫𝐢𝐬𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐥𝐞

En 1988, lors d’une prestation à la présidence camerounaise, Koko Ateba interprÚte innocemment Atemengue, une chanson traditionnelle bulu. Malheureusement, ses paroles sont mal interprétées, provoquant une crise politique. Arrêtée et emprisonnée pendant plus de deux mois, elle voit ses chansons interdites et sa carriÚre brutalement stoppée.

Cet épisode marquant la pousse à l’exil. AprÚs un passage au Gabon, elle s’installe en France en 1990. Malgré tout, elle continue de créer et de partager sa musique, trouvant un nouveau souffle avec le titre Frou Frou, qui devient un succÚs en France dans les années 1990.

𝐔𝐧 𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐊𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐫𝐚𝐟𝐚𝐧𝐝 𝐩𝐚𝐮𝐫 𝐥’𝐚𝐫𝐭 𝐞𝐭 𝐥’𝐡𝐮𝐊𝐚𝐧𝐢𝐭𝐞́

Au-delà de la musique, Koko Ateba était une femme profondément engagée. Soucieuse du bien-être des artistes camerounais en diaspora, elle crée une association pour faciliter leur intégration en France. Toujours tournée vers l’humain, elle s’implique dans des projets humanitaires et artistiques, notamment pour aider les jeunes Camerounais à développer leurs talents tout en restant scolarisés.

Elle prÃŽnait des valeurs de paix et de tolérance, qu’elle mettait au cœur de toutes ses actions. En 2011, elle s’était mobilisée pour demander de rendre justice dans le cadre de l’affaire Vanessa Tchatchou, cette jeune fille de 17 ans dont le bébé avait été volé à l’hÃŽpital gynéco-obstétrique de Yaoundé immédiatement aprÚs son accouchement. Toujours en 2011, elle annonçait soutenir un projet qui avait pour ambition d’aider les jeunes au Cameroun à développer leurs talents artistiques.

𝐔𝐧 𝐡𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐢𝐊𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐬𝐬𝐚𝐛𝐥𝐞

AprÚs plus de deux décennies d’absence, Koko Ateba est invitée en 2010 à célébrer le cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, une reconnaissance tardive mais méritée. Jusqu’à ses derniers jours, elle a continué à inspirer des générations d’artistes, à l’instar d’Henri Dikongué, et ses chansons restent des classiques repris par la nouvelle génération.

Koko Ateba quitte ce monde, mais son héritage demeure. À travers ses mélodies, sa voix et son engagement, elle nous rappelle que l’art transcende les épreuves. Elle restera une figure emblématique, une étoile inoubliable dans le firmament de la musique camerounaise.

Que la terre de nos ancêtres lui soit légÚre.

Arol KETCH – 13.12.2024

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