๐๐ ๐๐ซ๐๐ฌ๐ก ๐จ๐ฎ๐๐ฅ๐ข๐ฬ ๐๐ฎ โ๐๐ฒ๐จ๐ง๐ โ โ ๐๐๐ฆ๐๐ซ๐จ๐จ๐ง ๐๐ข๐ซ๐ฅ๐ข๐ง๐๐ฌ, ๐ ๐๐ฬ๐๐๐ฆ๐๐ซ๐ ๐๐๐๐
๐๐ ๐๐ซ๐๐ฌ๐ก ๐จ๐ฎ๐๐ฅ๐ข๐ฬ ๐๐ฎ โ๐๐ฒ๐จ๐ง๐ โ โ ๐๐๐ฆ๐๐ซ๐จ๐จ๐ง ๐๐ข๐ซ๐ฅ๐ข๐ง๐๐ฌ, ๐ ๐๐ฬ๐๐๐ฆ๐๐ซ๐ ๐๐๐๐
Il y a des dates qui meurtrissent ร jamais les mรฉmoires.
Le 3 dรฉcembre 1995 en est une.
Ce soir-lร , un Boeing 737-200 de la Cameroon Airlines, le โNyongโ, sโรฉcrase ร quelques kilomรจtres seulement de son but. Il nโarrivera jamais ร destination.
Le vol UY 3701, en provenance de Cotonou, est censรฉ rejoindre Douala en une heure. ร son bord : 76 personnes. Passagers camerounais, bรฉninois, sรฉnรฉgalais, maliens, nigรฉrians, europรฉensโฆ Et un รฉquipage rompu ร lโexercice. Rien ne laisse prรฉsager lโenfer.

Le dรฉpart sโeffectue sans incident. Pas dโanomalie, pas de signal dโalerte. Un simple transit, un vol de routine. Le commandant de bord Younoussa Aman Sali et le copilote Claude รmile Lombo, entament la descente sur lโaรฉroport de Douala. La piste est lร , si proche. La voix du pilote parvient une derniรจre fois ร la tour de contrรดle :
ยซ Nous avons des problรจmesโฆ on vous rappelle. ยป Il ne rappellera jamais.
Une remise de gaz est tentรฉe, trop tard. Le moteur gauche, affaibli par une piรจce usรฉe, ne fournit plus la poussรฉe nรฉcessaire. Lโavion perd de lโaltitude. Irrรฉmรฉdiablement.

ร 21h44, le Boeing sโรฉcrase dans les marรฉcages de Youpwรฉ, ร moins de 6 kilomรจtres de la piste. Il se disloque en trois morceaux. Le silence retombe, รฉcrasant.
Sur les 76 รขmes ร bord, seules 5 survivent. Cinq.
Parmi elles, trois Camerounais :
โ Ousseni Moulaye, agent de sรฉcuritรฉ ร la CAMAIR,
โ Mboussi Wellisanรจ, hรดtesse de lโair,
โ et Antoine Ndong Toung, administrateur civil, en poste ร la Prรฉsidence de la Rรฉpublique.
Un bรฉbรฉ, aussi, sera retrouvรฉ vivant. Un miracle au milieu du carnage.
Le commandant Lombo, tirรฉ des dรฉcombres, dรฉcรจde ร la clinique de Bonanjo. Son dernier vol sโachรจve dans la douleur, celle de nโavoir pu sauver plus de vies.

Les familles attendent des nouvelles.
ร Douala, ร Yaoundรฉ, ร Cotonou, les tรฉlรฉphones sonnent. Des mรจres tombent ร genoux. Des pรจres restent figรฉs, muets.
Le vide sโinstalle, et il ne sโen ira plus jamais.
Lโenquรชte rรฉvรฉlera une vรฉritรฉ cruelle :
โ dรฉfaillance mรฉcanique,
โ maintenance nรฉgligรฉe,
โ procรฉdures de secours tardives.
South African Airways, chargรฉe de la maintenance, est jugรฉe responsable. Elle doit verser des dizaines de millions de dollars ร la Cameroon Airlines, pour indemniser les familles. Mais lโargent nโarrivera jamais. Dรฉtournรฉ. รvaporรฉ.

Trente ans plus tard, les veuves, les orphelins, les survivants attendent encore.
Le crash du โNyongโ nโest pas seulement une tragรฉdie aรฉrienne.
Cโest une blessure nationale. Une honte effacรฉe. Une justice volรฉe.
ร ceux qui ont pรฉri dans lโindiffรฉrence,
ร ceux qui ont survรฉcu dans le silence,
ร ceux qui pleurent encore sans rรฉponse :
Nous nโoublierons pas.
Lโoubli est la ruse du diable!
Trente ans plus tard . Et toujours rien.
Sauf la mรฉmoire.
La terre est sale ! Si รจ ne mvit ! Ngo Bagdeu !
Arol KETCH – 29.03.2025
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