๐๐ ๐๐ฬ๐ง๐ฬ๐ซ๐๐ฅ ๐๐จ๐ฎ๐๐ฅ๐ฅ๐ ๐๐๐ฌ๐ฌ๐๐ง๐ ๐จ โ ๐โ๐ก๐จ๐ฆ๐ฆ๐ ๐ช๐ฎ๐ข ๐ซ๐๐๐ฎ๐ฌ๐ ๐๐ ๐ญ๐ข๐ซ๐๐ซ ๐ฌ๐ฎ๐ซ ๐ฅ๐๐ฌ ๐๐๐ฆ๐๐ซ๐จ๐ฎ๐ง๐๐ข๐ฌ
ยซ Un militaire sans formation politique et idรฉologique est un criminel en puissance. ยป disait Thomas Sankara
Nรฉ le 21 mai 1939, Zacharie Doualla Massango fut un haut officier de lโarmรฉe camerounaise, un homme dโhonneur qui acheva sa carriรจre avec le grade de gรฉnรฉral de brigade.
Officier respectรฉ, il incarna une gรฉnรฉration de militaires pour qui servir la Rรฉpublique signifiait avant tout protรฉger la vie, la dignitรฉ et la paix des citoyens.
En 2001, il est promu gรฉnรฉral de brigade et nommรฉ commandant de la 2แต Rรฉgion de gendarmerie, qui couvre les rรฉgions du Littoral, de lโOuest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il occupe cette fonction jusquโen mars 2008, avec rigueur et sens du devoir.
Lโannรฉe 2008 marque un tournant tragique dans lโhistoire du Cameroun. Le prรฉsident Paul Biya entreprend alors une rรฉvision de la Constitution, destinรฉe ร supprimer la limitation des mandats prรฉsidentiels, ouvrant la voie ร un pouvoir sans fin.

La nouvelle met le pays en รฉbullition. En fรฉvrier, des milliers de Camerounais, portรฉs par une jeunesse exaspรฉrรฉe, descendent dans les rues pour crier leur refus, leur colรจre . ร Douala, les foules sโamassent, les slogans fusent, la colรจre gronde; la population rรฉclame simplement justice et dignitรฉ.
Face ร cette contestation, le rรฉgime choisit la force. Les ordres tombent, froids et clairs : ouvrir le feu pour disperser les manifestants.
Ce jour-lร , dans son bureau de commandement, le gรฉnรฉral Doualla Massango reรงoit lโordre de faire tirer sur les jeunes de Douala. Ces jeunes, il les appelle โses enfantsโ. Et devant ses subordonnรฉs, il prononce les mots qui feront de lui une figure ร part dans lโhistoire du pays : ยซ Je ne peux pas tuer un seul de mes enfants. ยป
Ce refus, simple et ferme, fut un acte de bravoure. Il signifiait que lโobรฉissance a ses limites, que lโuniforme ne doit jamais effacer la conscience, et que la loyautรฉ envers le peuple prime sur celle due au pouvoir. Ce jour-lร , le gรฉnรฉral choisit lโhumanitรฉ plutรดt que la soumission.
Mais ce courage allait lui coรปter cher. Tandis que dโautres unitรฉs, plus dociles, furent dรฉpรชchรฉes pour rรฉprimer les รฉmeutes dans le sang notamment ร Bonaberi, oรน plusieurs jeunes perdirent la vie ; le gรฉnรฉral Doualla Massango fut relevรฉ de ses fonctions.
En mars 2008, il est dรฉbarquรฉ de son poste de commandant de la 2แต Rรฉgion de gendarmerie et remplacรฉ par le colonel Jean Calvin Leumani, alors en poste ร Garoua. Officiellement, il est โmis pour emploi auprรจs du Secrรฉtaire dโรtat ร la Dรฉfense chargรฉ de la gendarmerie nationaleโ une formule administrative pour dire quโil est รฉcartรฉ, mis au garage, รฉloignรฉ du terrain et de toute influence.
Ce fut le prix de la dignitรฉ : รชtre puni pour avoir refusรฉ de transformer ses armes en instruments de mort contre son propre peuple.
Le gรฉnรฉral Zacharie Doualla Massango, alors รขgรฉ de 69 ans, poursuit sa vie et la suite de sa carriรจre dans la discrรฉtion. Derriรจre son calme et son charisme, il laisse lโimage dโun homme restรฉ fidรจle ร sa conscience jusquโau bout. Il sโรฉteint le 15 mars 2016, ร lโรขge de 77 ans.
Pour les Camerounais et notamment les habitants de Bonaberi; son nom reste gravรฉ comme celui dโun soldat du peuple, dโun officier qui a choisi la droiture lร oรน dโautres ont choisi la peur. Il a rappelรฉ, par son exemple, que le rรดle du militaire nโest pas dโobรฉir aveuglรฉment, mais de servir la justice et protรฉger les citoyens.
Son refus de tirer fut un acte de foi en la valeur de la vie humaine, un cri silencieux contre lโarbitraire et lโinjustice.
Et longtemps encore, son souvenir rappelle aux hommes en uniforme quโun ordre injuste ne mรฉrite jamais dโรชtre exรฉcutรฉ car la vรฉritable force dโun soldat rรฉside dans sa conscience. Le soldat est au service du peuple et non au supplice du peuple !
Lโoubli est la ruse du diable!
La terre est sale ! Si รจ ne mvit ! Ngo Bagdeu !
Arol KETCH – 18.10.2025
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