AfriqueBiographieCamerounHistoireRécits

Kouam Samuel, richissime homme d’affaires et mécène oublié

Kouam Samuel est un mécène et homme d’affaires oublié; et pourtant il a largement contribué au développement du football camerounais. Co-fondateur de l’union sportive de Douala; il est resté à la tête du club pendant plus d’une décennie.

De la fin des années 20 et au milieu des années 50, les clubs de football populaires de la ville de Douala représentaient des quartiers; mieux des cantons. Oryx (canton Bell), Caïman (Canton Akwa) et Léopard (Canton Deido). Ces clubs dominaient le championnat national. Le tout premier tout premier véritable championnat de football du Cameroun démarre en 1951 avec 8 clubs : Caïman de Douala « Ngando », Vent Sportif de Douala, Oryx Bellois de Douala « Jemea », Jeunesse Bamiléké de Douala (actuelle Union sportive de Douala), Canon Sportif de Yaoundé, Tonnerre de Yaoundé et Aigle de Dschang. Ce tout premier championnat est remporté par Caïman de Douala.

L’Oryx de Douala est né d’une fusion de deux équipes : Lumière de Bonapriso et Requin de Bali. D’après la chefferie supérieure des « Akwa », Caïman Akwa Club de Douala a été fondé en 1927. Au départ, Caïman de Douala s’appelait Lune de Douala. Le nom du club changea après une défaite en finale du Championnat du Cameroun face à leur adversaire de toujours : Léopard de Douala.

Du côté de New-bell, quartier cosmopolite coexistaient plusieurs clubs représentant les différentes communautés qui y vivent. L’Union sportive de Douala est née vers 1955 dans le quartier New-Bell à la suite de la volonté de constituer une équipe forte qui puisse rivaliser avec les clubs des autres quartiers : Oryx, Léopard, Caïman etc. L’Union sportive de Douala naît de la fusion / union de plusieurs équipes “allogènes” du quartier New-bell et ses environs : Jeunesse Bamiléké du Président Jean Raymond, vent du nord du président Samuel Kouam, Sawaba du président Halidou etc.

En réalité, la première fusion avait donné naissance à Jeunesse de New Bell avec Pierre Tchanque, ancien président de la Chambre de commerce comme président. L’Union Sportive de Douala naît réellement des cendres de Jeunesse de New-Bell. Les promoteurs du club se sont rendu compte qu’il fallait éviter le piège tribal et rassembler tous les clubs de ce quartier cosmopolite où vivaient des ressortissants de plusieurs régions du pays.

L’Union devient alors un exemple d’intégration nationale. Les joueurs viennent de partout; les réunions se tiennent au domicile du chef supérieur Belibi, un beti. Le slogan et cri de rassemblement choisi est en haoussa : “ Gamakai-nassara”. Le richissime homme d’affaires Samuel Kouam est porté à la tête du club.

Samuel Kouam est l’un des premiers riches hommes d’affaires camerounais, propriétaire de Serrurerie du Cameroun (Serrucam). C’était aussi un promoteur de salles de cinéma : le grand Canyon, rex, le Douala, l’étoile , Rio..

Il était l’un des pionniers de l’industrie camerounaise, aux côtés de personnalités telles que Jean-Samuel Noutchogouin, Joseph Kadji Defosso, Fadil Abdoulaye Hassoumi ou encore Victor Fotso.

Il a injecté beaucoup d’argent afin de permettre à l’union sportive de se hisser au sommet. Ce passionné de football n’hésitait pas à imposer ses choix aux entraîneurs du club; lesquels choix s’avéraient très souvent judicieux. En 1969, Union de Douala est qualifié pour la finale du Cameroun; Norbert Owona meneur de jeu du club qui a boycotté plusieurs séances d’entraînement de préparation à cette finale est écarté.

Le président Samuel Kouam décide unilatéralement, de la titularisation de Norbert Owona contre l’avis du coach Tchetchueng et de l’un des dirigeants actifs Ndata Zachée . Il menace même de limoger le coach et les autres joueurs qui semblent s’opposer à la titularisation de Norbert Owona. L’Union bat Oryx; 2 buts à 0; les deux buts sont inscrits par un certain Owona Norbert qui permet à l’Union de remporter son premier et unique doublé championnat -coupe du Cameroun de son Histoire.

Son efficacité dans la gestion et son amour pour le football lui vaudront d’être choisi par le président Ahmadou Ahidjo pour être l’un des acteurs de l’organisation de la première coupe d’Afrique des nations au Cameroun en 1972. Coup de tonnerre ! Le Cameroun pourtant favoris est éliminé en demi-finale par l’équipe du Congo qu’il avait pourtant largement battu quelques mois plus tôt.

Déçu par la prestation de l’équipe nationale du Cameroun qui a terminé à la 3ième place d’une compétition organisée à domicile, le président Ahmadou Ahidjo démet le ministre des sports François-Xavier Ngoubeyou et diligente une commission présidée par le nouveau ministre des sports Félix Tonyé Mbock ; cette commission a pour but d’analyser la contre-performance de l’équipe nationale du Cameroun et y remédier lors des échéances futures.

Des enquêtes révèlent des malversations financières autour de l’organisation de la CAN. Le Président Ahidjo entre dans une colère noire; des têtes doivent tomber : des cadres du ministère des sports et du ministère des finances sont incarcérés; même des sportifs sont mis aux arrêts; on observe des limogeages en cascades. Kouam Samuel, l’un des plus grands hommes d’affaires du Cameroun est écroué… Ces démêlés avec la justice signent la fin de l’empire de cet homme d’affaires promis à un bel avenir. Il meurt en 1979 dans l’oubli et l’anonymat.

L’oubli est la ruse du diable !

La terre est sale ! Si è ne mvit !

Arol KETCH – 07.01.2024

Rat des archives

Spread the love

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!