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Le destin tragique d’Alexandre Banza

Le 31 décembre 1965, Jean Bedel Bokassa renverse le gouvernement de son cousin David Dacko et arrive au pouvoir à la faveur du coup d’État de la Saint-Sylvestre. Bokassa est soutenu dans la réalisation de ce putsch par le capitaine Alexandre Banza.

En guise de récompense, Banza est nommé lieutenant-colonel et ministre d’Etat chargé des finances et de l’économie nationale. Il est désormais le bras droit de Bokassa et l’une des plus fortes personnalités du pays.

Bokassa se transforme quelques années après son accession au pouvoir en un fantasque imprévisible, violent et impulsif. Banza menace de se retourner contre Bokassa. Ce qui irrite fortement le général De Gaulle qui est persuadé que Banza est un pion des américains à travers la CIA.

En avril 1968, Banza, numéro 2 du régime est relégué au rang de ministre de la santé publique. De gaulle par l’entremise de Jacques Foccart, obtient sa tête.

Quelques mois plus tard, Banza est écarté; accusé de critiquer la concentration des pouvoirs entre les mains du seul chef de l’Etat, suspecté d’entretenir des contacts avec l’ambassade américaine à Bangui. Il vit très mal cette éviction.

Pour De Gaulle, ça ne suffit pas; il faut liquider Banza. Voici ce que disait le général De Gaulle à ce sujet : “ Bokassa est cuit. S’il n’a pas eu assez de coffre pour le liquider comme il le devait, je n‘y peux rien. C’est Banza qui le bouffera”.

Banza acteur principal du coup d’Etat de la saint sylvestre qui a porté Bokassa au pouvoir, décide de devenir calife à la place du calife et organise un nouveau coup d’Etat afin de renverser Bokassa. Il se confie à plusieurs officiers qu’il espère rallier à sa cause.

Malheureusement pour lui, ceux-ci iront le dénoncer à Bokassa. L’un d’eux, Jean-Claude Mandaba, dévoile le plan du putsch dans les détails jusqu’à la date choisie : le 9 avril 1969.

L’information de l’imminence d’une tentative de putsch arrive jusqu’à Paris; les troupes françaises en Centrafrique sont mises en état d’alerte maximale. Bokassa décide de laisser agir Banza afin de le prendre la main dans le sac. Quelques heures seulement avant l’exécution du plan, Banza tombe dans une embuscade menée par Jean-Claude Mandaba et des officiers loyalistes.

Banza est capturé et conduit chez Bokassa dans son palais de Berengo. Le président en personne se chargera de torturer presque à mort son ancien bras droit. C’est Jean-Claude Mandaba qui mettra fin à la séance de torture en suggérant à Bokassa qu’il faudrait que Banza soit jugé publiquement et exécuté pour servir de leçon et décourager toute tentative de déstabilisation.

Dans la nuit du 11 au 12 avril 1969, Banza est jugé et condamné au peloton d’exécution. Il est exécuté le 12 avril 1969 et enterré anonymement. Il n’avait que 36 ans.

Sa mort fut cruelle. Il a souffert le martyr. Avant son exécution, Bokassa en personne s’est chargé de mutiler son corps à coups de rasoir. Ses os supérieurs et inférieurs furent brisés et il a été traîné dans les rues, la colonne vertébrale brisée afin de montrer le sort qui sera réservé à tous ceux qui oseront s’attaquer au pouvoir de Bokassa.

La famille et les proches de Banza vont vivre une véritable traque. Sa femme et ses 9 enfants furent déportés à Berbérati puis à Birao. La maîtresse de Banza devenue hystérique après la mort de son amant fut arrêtée et emprisonnée.

Le père de Banza fut embastillé, il mourut de faim et d’épuisement un an plus tard. Les frères de Banza furent renvoyés de la gendarmerie et emprisonnés. On ne les reverra plus jamais. Même les amis de Banza furent incarcérés et beaucoup d’entre eux moururent en prison. Jusqu’à ce jour, la réalité de la tentative de putsch imputée à Banza est loin d’être clairement établie.

Après l’affaire Banza, le régime de Bokassa se durcit considérablement. Atteint de paranoïa et soucieux de conserver son fauteuil présidentiel, il voit les complots désormais partout. Mandaba qui avait dénoncé banza connaîtra le même sort.

La terre est sale! Si è ne mvit !

Arol KETCH – 05.01.2024

Rat des archives

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