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La Révolution des bulldozers : Quand de jeunes étudiants font tomber pacifiquement une dictature

C’est la mère des révolutions de l’ère du numérique. C’est une révolution qui par des mouvements pacifiques et à travers les smartphones et internet a permis la chute du régime en place. C’est le premier mouvement de révolution « moderne de l’histoire ».
05 Octobre 2000, le peuple serbe sort en masse pacifiquement pour faire tomber la dictature cruelle de Slobodan Milošević ; au plus fort des manifestations, une scène particulière va recueillir l’attention du monde entier. Ljubisav Đokić conducteur de bulldozer décide de prendre son engin pour attaquer le bâtiment de la Radio Télévision Serbe, symbole du pouvoir et outil de propagande de Milošević. Le nom de la révolution est aussitôt trouvé : « La Révolution des bulldozers ».
En effet, les serbes sont sortis massivement pour demander pacifiquement le départ du dictateur Slobodan Milošević.
En 1989, après l’éclatement de la Yougoslavie, Slobodan Milošević est élu président de la République de Serbie. Il a tiré les ficelles dans plusieurs guerres violentes contre les pays voisins (guerres de Croatie et de Bosnie-Herzégovine, guerre du Kosovo). En raison de ses méthodes sanguinaires, la presse locale le surnomme alors « Le boucher de Belgrade ». En 1996 et 1997, des manifestations contre les fraudes électorales du régime échouent à cause des divisions de l’opposition. La répression du régime contre la liberté d’opinion s’accentue, notamment dans le milieu étudiant.
En 1998, naît le mouvement Otpor (« résistance » en serbe) à l’initiative de jeunes étudiants serbes. Ce mouvement de résistance pacifique est largement inspiré par Gene Sharp et sa théorie de la résistance non-violente. Ce mouvement bénéficie du financement des organisations gouvernementales et non gouvernementales étrangères, principalement américaines. L’objectif de Otpor est simple : « Faire tomber Slobodan Milošević et son régime ».
A l’été 2000, Slobodan Milošević change la loi électorale pour briguer un autre mandat alors que la constitution ne le permettait pas.


Le jeune mouvement Otpor réclame aussitôt le départ du dictateur et le respect de la démocratie. Ce mouvement va contribuer à fédérer toutes les forces d’une opposition divisée pour affronter Milošević lors de l’élection présidentielle du 24 septembre 2000. 18 partis de l’opposition se réunissent sous la bannière de l’Opposition démocratique de Serbie (DOS) et choisisse un seul candidat (Vojislav Koštunica) pour faire face au dictateur. Le 26 décembre 2000 soit deux jours après le scrutin, l’opposition appuyée par la CESID (Centre for Free Elections and Democracy), proclame sa victoire avec 55 % des voix. Milošević refuse de reconnaitre sa défaite dès le premier tour et sollicite un second tour. Voilà l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres. L’opposition démocratique de Serbie appelle aussitôt à une protestation pacifique contre le régime.
Le mouvement de contestation commence par la grève des mineurs de la Kolubara qui produisent 60% de charbon utilisé pour électrifier la Serbie. Les militants d’Otpor entrent dans la danse, défient les barrages policiers et apportent leur soutien aux grévistes. Plusieurs manifestations ont alors simultanément lieu dans la capitale serbe. Le point culminant de ces manifestations sera le 05 octobre 2000. Des centaines de milliers de manifestants venus de toute la Serbie déferlent dans les rues de Belgrade et confrontent la police. Celle-ci est immédiatement dépassée par le nombre de manifestants et bat en retraite.
Ljubivoje Djokic, alias Joe débarque avec son bulldozer et démolit l’entrée de la Radio-Télévision Serbe. Les studios de la télévision sont immédiatement pris d’assaut par une foule en liesse. Le parlement est pris d’assaut par les manifestants. C’est la fin du régime de Milošević. Le dictateur donne sa démission le 7 octobre 2000 et Vojislav Koštunica accède à la Présidence de la République. Slobodan Milošević est tombé parce que la jeunesse serbe s’est battue contre la dictature pour avoir un avenir meilleur. Ils sont sortis en masse pour manifester pacifiquement contre la dictature.
Milošević est mis aux arrêts le 1er avril 2001 et le 28 juin 2001, il est remis aux autorités de La Haye qui vont l’inculper pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Le procès s’ouvre en 2002, mais Slobodan Milosevic décède avant la fin des audiences en 2006, victime d’un infarctus du myocarde au centre de détention des Nations Unies aux Pays-Bas.
Des ex-militants d’Otpor, devenu le Centre spécialisé dans l’action et la stratégie non-violente arpente le monde pour former les jeunes révolutionnaires de plusieurs pays à l’action-non violente. On les a vus en Géorgie (révolution des roses en 2003), en Ukraine (révolution orange en 2004), en Biélorussie (révolution en jean), kirghizthan (Révolution des Tulipes de 2005) aux Maldives, en Égypte en 2011, au Zimbabwe, au Venezuela en 2013.
Arol KETCH – 18.09.2020
Fourmi Magnan égarée

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