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Mba Ntem , le féticheur cannibale

Le Gabon connaît depuis plusieurs décennies une flambée de crimes rituels. Il ne se passe pas un mois sans que la presse ne fasse échos des cas de personnes froidement assassinées dont les organes ont été prélevés à des fins mystiques. Les commanditaires de ces crimes rituels sont généralement des hommes puissants au sein des cercles du pouvoir, qui à travers ces crimes sont à la recherche de la richesse et du pouvoir. En effet, l’arrivée du multipartisme au Gabon a largement contribué à une explosion des crimes rituels.
Les principaux commanditaires de ces crimes sont essentiellement des hommes politiques qui sont persuadés qu’ils pourront remporter des élections, obtenir des pouvoirs grâce à ces sacrifices. C’est pour cela, qu’on note généralement une hausse exponentielle des crimes rituels au Gabon autour des périodes électorales. Ceux qui s’adonnent à de telles pratiques sont persuadés que plus la victime souffre, plus le pouvoir qu’ils vont engranger sera immense. C’est pour cette raison que les crimes rituels sont d’une violence et d’une cruauté indicibles; la victime se voit carrément mourir; il est question qu’elle souffre au maximum.
L’affaire MBAM NTEM a secoué le Gabon en 1988.
Tout commence lorsque André Ondo Ndong, professeur d’anglais au lycée d’Oyem décide de venir se soigner à Libreville dans le temple mystique d’un certain Théophile Mba Mteme.
Mba Ntem qui se dit tradipraticien est à la tête d’une antenne locale de la secte Mvoe Ening; une secte fondée en Guinée Equatoriale et dirigée par un certain Essono Mba Filomeno, alias Assili Nssang Mvoe.
Mba Ntem exerce une certaine influence sur André Ondo Ndong. Ce dernier est malade et le tradipraticien Mba Ntem lui a fait savoir au cours d’une première rencontre que la cause de son mal était sa femme et ses enfants et qu’il faudrait se débarasser d’eux pour avoir la vie sauve. Le patient s’exécuta et refoula son épouse et trois de ses quatres enfants. Il ne garda que le benjamin alors âgé de 3 ans. C’est donc accompagné de son filston qu’André Ondo Ndong se rend à Libreville au temple de Mba Ntem.


Plusieurs jours après son déplacement à Libreville, Ondo Ndong n’a plus fait signe de vie. Sa famille n’a plus de ses nouvelles. Elle décide alors d’aller à sa recherche. Les recherches vont les conduire au temple de Mba Ntem. Interrogés, le gourou et sa garde soutiennent que le patient recherché est reparti à Oyem. La famille n’y croit pas du tout et décide d’alerter la brigade de gendarmerie.
La gendarmerie débarque sur les lieux pour mener son enquête et se lance dans une série d’interrogations. C’est connu, la vérité sort toujours de la bouche des enfants. Interrogé, un enfant de 3 ans retrouvé sur les lieux va tout balancer. Il révèle alors qu’André Ondo Ndong a été ligoté, tué puis conduit dans une voiture vers un lieu inconnu. Ce gamin n’est autre que le propre fils du defunt; il a assisté à la scène de l’éxécution de son papa. Herbert, âgé de 3 ans, était le prochain sur la liste.Il était en réalité une commande spécial d’un baron du régime qui raffole de la chaire fraiche de gamin dans des bouillons bien assaisonnés. C’est pour cette raison, que Mba Ntem avait demandé à Ondo Ndong de ramener son fils avec lui.
Sur la base du témoignage du fils, les gendarmes après une grosse bagarre avec les suspects, décident de mettre aux arrêts Mba Ntem et sa bande. Incarcérés, ils passent aux aveux. L’un d’eux conduit les gendarmes au ravin où le corps a été balancé. Le corps du professeur d’anglais est retrouvé en putréfaction. On découvre alors l’horreur. Plusieurs organes ont été prélevés sur le corps d’André Ondo Ndong.
Que s’est-il passé exactement ?
Au cours d’un rite de guérison pratiqué sur André Ondo Ndong, Mba Ntem a fait consommer au professeur d’anglais de l’iboga, une plante hallucinogène couramment utilisée dans les rites initiatiques au Gabon. Après avoir consommé cette plante, André Ondo Ndong est comme affolé. Il est alors ligoté par Mba Ntem et ses partisans, sauvagement et dissimulé dans un ravin. Deux jours plus tard, le féticheur est allé prélevé sur le cadavre de l’infortuné, son estomac, son foie, son cœur, ses poumons, sa langue et ses organes sexuels afin de confectionner un «plat sacré» destiné à lui-même et à ses disciples.
Le plat sacré contenant les parties du corps d’André Ondo Ndong sera consommé par Mba Ntem et ses disciples les plus évolués spirituellement. Il s’agit de ceux-là qui possèdent le troisième œil. On va alors découvrir que Mba Ntem n’est pas à son premier forfait. Il est coutumier du fait.
Le 26 avril 1988, le journal L’Union titre : «Mba Ntem : ‘’J’ai déjà mangé six personnes’’». La photo de la Une du journal retient l’attention et choque. On peut y voir, Mba Ntem menotté, poignard entre les dents et deux flacons de fétiches dans les mains. Ces flacons contiennent des morceaux de chair et un bout de la langue du malheureux Ondo Ndong.
On peut alors lire dans les colonnes de ce journal, les révélations glaçantes de Mba Ntem qui révèlent avoir déjà mangé au moins six personnes dont ses propres enfants.
On peut lire ceci dans L’Union « après avoir poignardé de sang-froid son patient, au terme d’une bonne bastonnade, et l’avoir fait «enterrer», il est revenu plus tard sur les lieux. Là, à l’aide d’un couteau, il a ouvert le ventre du cadavre et en a retiré estomac, foie, cœur, poumons. Avant de rentrer, il a également pris le soin de sectionner les organes sexuels, la langue et de raser le mort. Avec ses parties dites «essentielles», il a préparé des «mets» dont il s’est régalé avec toute son équipe. Depuis qu’il a commencé ses activités en 1979, Mba Ntem a déjà «mangé» six personnes au nombre desquelles deux de ses propres enfants.»
L’épouse de Mba Ntem arrêté avec ce dernier confie également que son mari a déjà mangé plus de six personnes dont sa fillette et un enfant qu’elle attendait. Il faut dire qu’ils ont une préférence pour la chaire fraîche de gamins. C’est revitalisant pour eux.
Le procès qui a duré trois jours a été suivi par une foule considérable. Mba Ntem âgé de 32 ans et grand prêtre de la secte des Alane Mvo Ening a été condamné à la peine de mort; son assistant a été condamné aux travaux forcés à perpétuité. L’épouse de Mba Ntem a écopé de cinq ans de travaux forcés. Leurs complices ont été condamnés à des peines avec sursis.
Notons que la secte de Mba Ntem avait comme adeptes dans l’ombre de hauts dignitaires du pays. Ceux-ci n’ont jamais été inquiétés.
En 2010, la peine de mort de Mba Ntem a été commué en peine de prison à perpétuété. En 2020, après 33 ans de prison, Mba Ntem a sollicité une grâce présidentielle ou la mise en liberté conditionnelle pour bonne conduite en milieu carcéral. Il jure à présent que la mort du professeur d’anglais n’était qu’un accident et qu’il n’a jamais mangé de la chair humaine.
Cette affaire crapuleuse a contribué à jeter l’opprobre sur l’ethnie Fang au Gabon dès la fin des années 80. Puisque Mba Ntem était Fang, par raccourci paresseux et malveillant, on a véhiculé et entretenu dans l’imaginaire populaire l’idée selon laquelle, les Fangs seraient des cannibales et majoritairement les responsables des crimes rituels.
Arol KETCH – 05.04.2021
Rat des archives
Fourmi Magnan égarée

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