La Mungo – Plastique de Mgr Albert Ndongmo
C’est votre Histoire, vous devez la connaître !La Mungo plastique est une société créée au Cameroun par Mgr Ndongmo pour la fabrication d’objets en matière plastique : imperméables en PVC, articles de maroquinerie, emballage en polyéthylène. La production a commencé en mars 1970 et avant le mois de Juin 1970, les ventes atteignaient déjà 9 millions de Franc CFA. Ces chiffres prometteurs auguraient déjà le développement d’une véritable industrie. En mettant en place cette entreprise, Mgr Ndongmo avait à cœur de promouvoir la petite et moyenne entreprise camerounaise; il voulait assurer à son diocèse des rentrées d’argent destinées à alimenter les caisses des écoles, des hôpitaux et la création d’une caisse retraite pour les prêtres âgés.
C’était tout un vaste et ambitieux programme!L’évêché à travers Mgr Ndongmo était propriétaire ou associé dans plusieurs affaires : centre climatique et touristique de Dschang, les librairies catholiques de Nkongsamba et Douala, la boucherie de Nkongsamba, des hôtels, plusieurs plantations etc. Plusieurs autres projets étaient à l’étude : fabrique de cahiers scolaires, fabrique de chaussettes, création d’une caisse mutuelle (maladie, retraite) regroupant tous les évêchés du Cameroun.Mgr Ndongmo injecte de fortes sommes dans les affaires et prend de lourds engagements auprès des banques. Il recrute des techniciens et des gestionnaires expatriés pour assurer la gestion de la Mungo – Plastique. Dès mars 1970, la Mungo-Plastique emploie déjà près de 70 personnes.
Mgr Ndongmo souhaite à travers ses projets combattre l’oppression économique européenne qui persiste depuis la colonisation.
Le colonisateur français et ses valets locaux voient d’un mauvais œil le dynamisme de ce prêtre businessman qui veut s’émanciper de la dépendance et de la domination économique. Brassant des millions, l’évêque jouit d’une immense popularité. Il fait peur. On le soupçonne même de chercher le capital financier nécessaire pour soutenir l’UPC et faire tomber le régime néocolonial en place. En mars et Avril 1970 commencent les attaques contre la Mungo-plastique de Mgr Ndongmo.
Ces attaques sont menées par la sûreté nationale, le SEDOC, le BMM ( brigade mobile mixte). La police multiplie les visites inopinées dans les locaux de la Mungo Plastique.Le 17 avril 1970, Christophe Tcheuleu Tientcheu cogestionnaire de la Mungo – Plastique est arrêté sans motif officiel. Le 27 Juin 1970, Yves Verbeek le gestionnaire belge recruté par Mgr Ndongmo est expulsé du Cameroun sans motif. Le 3 juillet 1970, ce sera au tour du technicien Krzeminski d’être expulsé. Privée de ses deux principaux cadres, la Mungo-Plastique limite puis arrête ses activités. La société est mise en vente mais le sinistre Jean Fochivé menace tout acheteur éventuel d’ennuis graves. Le 15 Juillet 1970 on diffuse une fausse information qui soutient qu’on a retrouvé un stock d’armes dans l’usine Mungo-Plastique. Le 22 août 1970, une dépêche de l’AFP annonce l’arrestation d’Ernest Ouandié. Le 29 août, une autre dépêche annonce l’arrestation de Mgr Ndongmo pour complicité avec la rébellion de l’UPC.
On ne parle plus du stock d’armes qu’on aurait découvert au sein de la Mungo – Plastique; on parle à présent d’un complot. Ainsi donc Mgr Ndongmo participerait à un mouvement de la Sainte-Croix pour la libération nationale; une espèce de coup d’Etat spirituel et mystique où seuls des anges devaient opérer. Durant son procès, Mgr Ndongmo affirme que ce sont les autorités camerounaises elles-mêmes qui lui ont demandé de nouer des contacts avec le chef révolutionnaire Ernest Ouandié. On comptait sur l’évêque pour persuader Ernest Ouandié de revenir à la légalité et œuvrer pour le rétablissement de la paix. Mgr Ndongmo est condamné à mort par le tribunal militaire. Sa peine est ensuite commuée par Ahmadou Ahidjo en détention à vie dans un « camp de rééducation civique ». Il est finalement libéré en 1975 et s’exile au Canada. Il meurt le 29 mai 1992 au Canada à l’âge de 65 ans.Pour en savoir plus sur les arrestations et condamnations de Mgr Albert Ndongmo et Ernest Ouandié, je vous invite à lire le livre « Main basse sur le Cameroun de Mongo Beti » dans lequel il revient de manière détaillée et documentée sur cette affaire.
Arol KETCH – 22.09.2021
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