Le soldat inconnu
En France, la tombe du Soldat inconnu est une sépulture installée à Paris sous l’arc de triomphe de l’Étoile. Installée depuis le 11 novembre 1920, cette sépulture accueille le corps d’un soldat, mort lors de la Première Guerre mondiale, pour commémorer symboliquement l’ensemble des soldats qui sont morts pour la France au cours de l’Histoire.
Le choix du soldat inconnu qui reposera dans cette sépulture, va donner lieu à une scène surréaliste. Le 8 novembre 1920, Auguste Thin, soldat de deuxième classe au 132e régiment d’infanterie, alors âgé de 21 ans, est chargé de désigner le soldat inconnu qui reposera sous l’arc de triomphe.
On décide d’exhumer 9 corps de soldats ayant servi sous l’uniforme français afin d’en choisir un. Au niveau d’une région où s’étaient déroulés les combats les plus meurtriers, tous les corps exhumés étaient les corps de ceux qu’on avait appelé “ tirailleurs sénégalais”.
Puisque aucun des corps exhumés dans cette région n’offrait la garantie d’être français, cette région sera abandonnée. Aucun corps ne sera pris. Pour les dirigeants français, il était impossible d’accepter que le corps d’un noir africain soit utilisé commémorer symboliquement l’ensemble des soldats qui sont morts pour la France. Et pourtant ces soldats africains ont payé le lourd tribut; ils étaient très souvent utilisés comme de la chair à canon.
A la fin de la deuxième guerre mondiale, les soldats africains ont vécu cette même forme d’injustice à travers le blanchiment des troupes.
Le Blanchiment des troupes coloniales consiste au retrait des troupes coloniales des premières lignes, à leur remplacement des défilés de victoires voire leur rapatriement en Afrique après qu’elles ont participé à la campagne d’Afrique et à la Libération de la France durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette opération logistique méconnue est appliquée à l’automne 1944. Environ 20 000 soldats noirs de l’armée française sont rapidement retirés du front et renvoyés chez eux. Cette décision a été prise, au début, pour satisfaire à la demande des Américains qui ne souhaitaient pas voir de soldats de «couleur » dans la 2e DB du général Leclerc puis par le Gouvernement Provisoire de la République (GPRF) pour les autres régiments.
En décembre 1944, l’armée française ouvre le feu sur des tirailleurs sénégalais originaires des diverses colonies de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Les gendarmes français ont tiré sur ces tirailleurs, anciens prisonniers de guerre récemment rapatriés, qui manifestaient pour le paiement de leurs indemnités et pécules promis depuis des mois. 500 tirailleurs refusent alors de quitter la caserne de Thiaroye au Sénégal. La tension monte avec le général Dagnan , qui commande l’armée sur place. Les tirailleurs sont regroupés puis encerclés par les militaires. L’armée ouvre alors le feu.
Arol KETCH – 15.06.2022
Rat des archives