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Le combat d’un père pour la mémoire de sa fille : L’affaire Elodie Kulik

Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire d’un papa courageux qui a consacré sa vie à lutter pour rendre justice à sa fille froidement assassinée. C’est l’histoire du combat d’un père qui a perdu sa femme, ses 3 enfants et qui s’est battu courageusement pour obtenir justice aux côtés de son fils Fabien.
Dans la nuit du 10 au 11 janvier 2002, Elodie Kulik, jeune directrice d’agence bancaire, disparaît subitement dans le département de la Somme en France. Deux jours plus tard, son corps sans vie est retrouvé.


Que s’est t’il passé ? Qui a tué Elodie ?


Elodie Kulik est une jeune fille brillante, promise à un bel avenir. Elle mène une vie heureuse. A 24 ans, elle est déjà la plus jeune directrice d’agence bancaire de France.
Ce jeudi soir du 10 janvier 2002, Elodie dîne avec un ami. Vers 23h30, elle décide de rentrer car le lendemain elle travaille. Elle prend la route; une route qu’elle connaît par cœur. Un épais brouillard obstrue sa vision et la route est gelée par endroit.


Après quelques kilomètres de route, sa voiture sort de la chaussée, fait quelques tonneaux et atterrit dans un champ. Elodie appelle aussitôt les pompiers. Lorsque l’opératrice décroche le téléphone, Elodie se met à crier, elle appelle au secours; elle est littéralement terrorisée car elle est en train de se faire agresser par un groupe d’hommes. On peut entendre la voix de ceux-ci. Et puis soudain, plus aucun bruit. La communication est rompue et le téléphone est éteint.
Le lendemain, les gendarmes se rendent sur le lieu de l’accident et n’ont pas du mal à identifier la propriétaire du véhicule accidenté grâce à son sac et ses pièces d’identité abandonnées sur les lieux. Mais, Elodie a disparu. Aucune trace d’elle.


Une procédure pour disparition inquiétante est lancée. Finalement, le corps d’Elodie est découvert dans une décharge agricole; violé, dénudé et calciné.
C’est un drame pour cette famille déjà durement frappée par le malheur. En 1976, le père d’Elodie, Jacky Kulik avait déjà perdu 2 enfants ( 7 et 8 ans) des suites d’un accident de circulation. La voiture familiale avait fait un accident et seuls les parents avaient survécu.
Détruit après la perte de leurs enfants, le jeune couple avait déménagé pour aller vivre ailleurs. Soudés dans le malheur, ils feront deux nouveaux enfants : Elodie et Fabien. Comme s’il fallait absolument remplacer les deux enfants décédés dans l’accident.
Avec le décès d’Elodie, le monde de ce couple s’effondre à nouveau. Ils sont anéantis.


L’enquête suit son cours. Au moins deux empreintes génétiques sont trouvées sur le corps de la victime et dans un préservatif usagé. L’enregistrement de l’appel d’Elodie aux pompiers permet d’entendre les voix des agresseurs.
6 mois après la mort d’Elodie, Patricia, une jeune fille de 21 ans est tuée dans la région et dans les mêmes circonstances qu’Elodie.
Le 20 juillet 2002, dévastée par le chagrin, Rose-Marie la maman d’Elodie décide de mettre fin à ses jours en ingurgitant un poison pour rats. Transportée en urgence à l’hôpital, elle sombre dans un coma profond. Elle y restera 9 ans.
Le 21 août 2002, un 3ème corps est découvert tout près du lieu des deux premières scènes de crime. C’est celui de Christelle, une jeune fille de 18 ans. L’hypothèse d’un tueur en série ayant investi la Région se précise. C’est la psychose générale. Les gendarmes quadrillent les lieux pour rassurer la population.
Les gendarmes interpellent des suspects et les soumettent à des tests ADN en espérant identifier des traces d’ADN retrouvées sur les scènes du crime.
L’ADN du dénommé Jean-Paul Leconte match avec celui retrouvé sur les sous-vêtements d’une victime. Mais celui-ci à un alibi en béton pour le cas Elodie Kulik; il était en prison et n’avait pas de permission le soir du meurtre d’Elodie.
En 2007 et 2008, il est condamné à perpétuité pour les meurtres de Patricia et Estelle.
Mais qui donc a tué Elodie ? L’enquête piétine. Pas d’avancées significatives en 8 ans d’enquête et pourtant tous les moyens ont été utilisés pour identifier les meurtriers d’Elodie: 10 000 personnes interrogées, des centaines d’analyses de l’enregistrement de l’appel, 620 pistes explorées, 5 000 prélèvements ADN, 14 500 appels téléphoniques contrôlés.
Jacky Kulik, le père d’Élodie est sur tous les fronts, il s’occupe de sa femme plongée dans le coma après une tentative de suicide et il se bat pour que justice soit rendue à sa fille.
Il médiatise l’affaire. C’est le combat de sa vie et il y croit fortement. Il fédère autour de lui de nombreux soutiens avec qui il organise de nombreuses marches blanches afin qu’on n’oublie pas Elodie. A ce stade de l’affaire, il met tout son espoir dans l’ADN. Il est persuadé que l’assassin de sa fille ne pourra être retrouvé que grâce à l’ADN.


Une nouvelle technique d’identification de l’ADN est expérimentée depuis peu : l’ADN par parentèle. C’est une technique qui permet de déterminer si l’ADN d’un parent est inscrit au fichier national.
Bien qu’étant dans le coma, Rose-Marie la mère d’Elodie développe un cancer et meurt dans les bras de son mari, 9 ans après sa tentative de suicide. Jacky Kulik est effondré. Comment survivre à ça ? Cet homme a perdu 3 enfants dans des conditions violentes et maintenant, il vient de perdre son épouse.
Sur la tombe de sa femme, Jacky fait le serment de rendre justice à Elodie et de se battre jusqu’à la mort.
En novembre 2011, une autorisation est donnée pour utiliser l’ADN par parentèle. C’est la première fois que cette technique est utilisée en France.
10 ans après ce crime monstrueux, un suspect est identifié grâce à l’ADN par parentèle. Le 16 janvier 2012, le juge d’instruction annonce à Jacky qu’on a identifié l’assassin de sa fille mais malheureusement ce dernier est mort. Il s’agit d’un certain Grégory Wiart. Le juge lui explique que grâce à l’ADN par parentèle, un homme fiché a été identifié; Patrick Wiart le père de l’assassin. Ils ont ensuite vérifié l’ADN de la mère de Grégory Wiart et il correspondait bien à celui qui avait été identifié sur le corps d’Elodie.


On n’avait pas réussi à attraper l’assassin parce que celui-ci était mort d’un accident de la route, un an après l’assassinat d’Elodie. Le corps de Wiart est exhumé et les prélèvements confirment qu’il fait bien partie de ceux qui ont tué Elodie.
Jacky se rend aussitôt au cimetière où repose son épouse pour lui annoncer qu’il a tenu sa promesse.

Jacky Kulik sits by a portrait of his daughter Elodie Kulik before the opening of the appeal trial of Willy Bardon, sentenced in December 2019 to thirty years’ imprisonment for the kidnapping, rape and death of Elodie Kulik in 2002, before the Assize Court of Douai on June 14, 2021. (Photo by DENIS CHARLET / AFP)


Peu après cette identification du meurtrier, les enquêteurs répertorient tous les copains de Grégory Wiart; un autre suspect, Willy Bardon, est arrêté en janvier 2013 et placé en détention provisoire. Sa voix est reconnaissable sur l’enregistrement de l’appel aux pompiers. Il faisait partie du groupe de jeunes qui a tué Elodie.
Willy Bardon est finalement condamné à trente années de réclusion criminelle, pour l’enlèvement , le viol en réunion d’Élodie Kulik. À l’annonce du verdict, il tente de se suicider en ingérant un poison qu’il avait dissimulé dans sa poche.
Il fait appel et le 07 juillet 2021, à l’occasion du deuxième procès, il est de nouveau condamné à 30 ans de prison et est cette fois-ci reconnu coupable du meurtre d’Élodie Kulik en plus de la séquestration et du viol en réunion.
Jacky Kulit est un modèle de courage et de résilience. Il a lutté courageusement pendant 20 ans pour obtenir justice.
La terre est sale. Si è ne mvit.
Arol KETCH – 04.04.2023
Rat des archives

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