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Tiécoro Bagayoko, l’homme qui faisait peur au président Moussa Traoré

C’est l’histoire d’un personnage très craint. Seule la prononciation de son nom donnait des sueurs froides à plus d’un. Tiécoro Bagayoko était le tout puissant Directeur de la sûreté nationale et des services secrets maliens sous Moussa Traoré.

Homme cruel et sanguinaire pour certains, patriote pour d’autres, Tiécoro Bagayoko est une figure controversée de l’histoire du Mali.

19 novembre 1968 au matin, le président Modibo Keïta est sur son bateau baptisé général Soumaré qui le ramène de MOPTI. On lui annonce des mouvements suspects des troupes militaires à Bamako. Modibo Keïta réunit ses proches collaborateurs; prend la décision de ne pas prendre la fuite et de se rendre à Bamako pour faire face aux putschistes.

Le convoi du président est violemment intercepté par des militaires armés. Il est cerné par des chars. L’opération est dirigée par le lieutenant Tiécoro Bagayoko. Celui-ci a été choisi pour son courage; il est réputé ne reculer devant rien.

En effet, très peu d’officiers de l’armée malienne auraient eu l’audace d’aller interpeller le Président Modibo Keïta à qui on prêtait des pouvoirs surnaturels. Tiécoro arrête le Président; le putsch est consommé. Le lieutenant Moussa Traoré est le nouvel homme fort du pays.

Mais qui est ce Tiécoro Bagayoko réputé pour son audace légendaire ?

Né en 1937, Tiécoro Bagayoko est un militaire malien. Il a été à l’école des enfants de troupe de Kati. En 1958, il participe à la guerre d’Algérie du côté des Français; il se fait remarquer par son courage, ce qui lui vaut la médaille de la Croix de Sauvetage de l’Armée française.

À son retour, il obtient une bourse pour l’école de pilotage en URSS, puis aux États-Unis en 1965. Il est très craint au sein de l’armée.

Le 19 novembre 1968, il prend part très activement au coup d’État qui renverse le Président Modibo Keïta, puisque c’est lui qui se charge d’interpeller le Président. Il est désormais membre du Comité militaire de libération nationale avec le grade de Lieutenant Colonel. On le surnomme “Django”; tel un acteur de western, il a la gâchette facile.

Nommé Directeur de la sûreté nationale et des services secrets en 1978, il instaure la terreur et met en place une police politique très répressive. Il a les yeux et les oreilles partout. Il réprime violemment les étudiants contestataires et les opposants. En effet, le peuple malien qui réclame le président déchu Modibo Keïta organise en janvier 1977 des manifestations aux cris de vives Modibo!

Le nouveau pouvoir en place craint une révolution populaire visant à réinstaller Modibo Keïta. Il faut l’éliminer. Le 16 mai 1977, on annonce la mort de Modibo Keïta en détention des suites d’un oedème aigu des poumons. Ses obsèques donnent lieu à d’importantes manifestations; pour les manifestants; Modibo a été assassiné.

Le terrible Tiécoro Bagayoko aux commandes de la sûreté nationale entre en scène et réprime sévèrement les manifestations.

La situation est telle que le président Moussa Traoré est obligé d’intervenir à Radio Mali pour calmer le peuple. Le tout puissant Tiécoro Bagayoko prend de plus en plus de l’épaisseur et Moussa Traoré redoute un putsch. Tiécoro est arrêté, en compagnie de Kissima Doukara et Karim Dembélé par Moussa Traoré alors qu’il se trouve dans son bureau pour une réunion le 28 février 1978. Ils sont surnommés la “Bande des trois”. Kissima Doukara, ministre de la Défense et de l’Intérieur, Karim Dembélé, ministre des travaux publics et Tiécoro Bagayoko, directeur des services de sécurité, on leur reproche une tentative de coup d’État. Ils sont rétrogradés au rang de simples soldats de 2 ème classe.

Tiécoro est condamné à mort et aux travaux forcés puis déporté à Taoudenit. Il passera plusieurs annés au bagne. Savoir Tiécoro en vie donnait des insomnies au Président Moussa Traoré. Il décide d’envoyer un commando dirigé par l’adjudant Chef Moussa Camara l’éliminer. Django est assassiné.

Le jour de sa mort, il dit à son codétenu : “ Je sais que je vais mourir aujourd’hui. Si je meurs, il faut m’habiller avec le maillot du Djoliba, mettre mes godasses de football et m’enterrer. Ne priez pas pour moi car moi même je ne prie pas…qui a tué, sera tué”.

Tiécoro était un fan de football, il était notamment président du club Djoliba Athletic Club.

Arol KETCH – 11.11.2023

Rat des archives

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