Ange Diawara – Le révolutionnaire
Né en 1941, Ange Diawara est un personnage qui a marqué l’Histoire du Congo – Brazzaville. C’est une figure complexe et controversée. Patriote révolutionnaire pour d’autres, opportuniste avide de pouvoir pour certains.
Après de brillantes études supérieures en sciences économiques, il décide en 1964 de se mettre au service de la révolution congolaise et intègre la JMNR. Il gravit rapidement les échelons et devient membre de la défense civile, puis de la garde présidentielle du régime Alphonse Massamba-Débat.
C’était un leader charismatique qui adorait la lecture et l’action; un spécialiste d’arts martiaux qui aurait aimé être un guerriero qui sème la révolution partout. Il a pour modèle le che : son physique ( barbiche et béret) et ses messages révolutionnaires l’illustrent.
Le 4 août 1968, il devient premier vice-président du Conseil national de la révolution. A la chute du Président Massamba Débat, il devient lieutenant dans l’armée de terre. Il est l’un des fondateurs du Parti congolais du travail (PCT) institué par le président Marien Ngouabi le 31 décembre 1969.
Au sein du bureau politique, il incarne l’aile gauche du PCT. En effet, il est connu pour ses positions très marxistes. Il a joué un rôle crucial dans l’élaboration des politiques de développement socialiste du pays et dans la promotion de la nationalisation des industries clés.
En 1970, il est nommé ministre du développement chargé des eaux et des forêts.
Peu à peu, il constate que l’entourage du Président Ngouabi s’est détourné des idéaux de la révolution et ont choisi de s’enrichir, de s’embourgeoiser.
Il développe alors le concept obumitri (oligarchie bureaucratique militaro-tribaliste). Il dénonce ainsi un petit noyau autour du Président appartenant au même espace régional qui gère l’Etat comme son bien personnel.
En décembre 1971 suite à des grèves estudiantines, Ange Diawara et ses soutiens échouent à mettre le Président Ngouabi en minorité lors de la session extraordinaire du Comité central du PCT. Il perd aussitôt sa place au sein du gouvernement. Diawara considère que Ngouabi a trahi la révolution; il décide de le renverser.
Mardi 22 février 1972, Brazzaville est le théâtre d’une mutinerie de quelques éléments du bataillon d’infanterie et du groupement aéroporté suivi d’une tentative de putsch. Cette opération est fomentée par Ange Diawara qui est à la tête d’un putsch baptisé M-22 ce qui signifie « mouvement du 22 février ».
Le Président Marien Ngouabi est à ce moment-là en voyage de travail à Pointe Noire et a emmené avec lui le capitaine Dénis Sassou Nguesso.
Le commandant Yhomby-Opango, Chef d’État-major , réussit à faire échec au putsch.
Informé de la tentative de Coup d’Etat qui est en cours, Marien Ngouabi reprend l’avion et atterrit non loin de Brazzaville afin de participer à la contre-offensive. Il parvient à investir la radio et lance un appel à la radio à Ange Diawara et à ses complices pour qu’ils se rendent. La tentative de coup d’Etat est écrasée et de nombreux putschistes vont être arrêtés et abattus avec parmi eux, l’artiste Franklin Boukaka.
Le mythe du « président immortel et invincible » se répand dans tout le pays et Marien Ngouabi acquiert auprès des populations et surtout auprès des jeunes la réputation de héros immortel et invincible.
Diawara et quelques rescapés prennent le maquis à quelques dizaines de kilomètres de Brazzaville, ils y resteront pendant un peu plus d’une année. Au maquis, ils rédigent le manuscrit autocritique du M-22. En avril 1973, Diawara et treize de ses compagnons sont capturés et abattus.
Erreur tactique; ils décident de se replier au Zaïre. Ils sont arrêtés au Zaïre et livrés aux autorités brazzavilloises. Il est question de briser le mythe de Diawara qui jouissait d’une grande popularité auprès de la jeunesse pour son courage, sa témérité intégrité, ses aptitudes aux arts martiaux, sa férocité au combat, son détachement des biens matériels.
Leurs cadavres martyrisés sont exhibés au Stade de la Révolution, le 24 avril 1973 au cours d’une assemblée populaire tenue par le président Marien Ngouabi afin de montrer le sort qui sera réservé à tous ceux qui s’attaqueront à la révolution.
La terre est sale! Si è ne mvit !
Arol KETCH – 07.12.2023
Rat des archives