lundi, septembre 8, 2025
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Dans lโ€™histoire de la lutte pour lโ€™indรฉpendance du Cameroun, certains noms rรฉsonnent comme des symboles : Ruben Um Nyobรจ, Fรฉlix Moumiรฉ, Ernest Ouandiรฉ, Ossendรฉ Afana.

Mais derriรจre ces figures emblรฉmatiques bien connues, il y eut aussi des stratรจges de lโ€™ombre, des combattants qui prirent les armes pour organiser la rรฉsistance. Parmi eux, Isaac Nyobรจ Pandjock occupe une place particuliรจre.

Un vรฉtรฉran devenu chef de maquis

Ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, Pandjock appartient ร  cette gรฉnรฉration de Camerounais qui ont appris lโ€™art de la guerre dans les rangs de lโ€™armรฉe franรงaise.

De retour au pays, il met son expรฉrience militaire au service de lโ€™UPC, ce mouvement indรฉpendantiste nรฉ en 1948 et interdit en 1955. Alors que la rรฉpression coloniale pousse les militants dans la clandestinitรฉ, il devient lโ€™un des artisans de la militarisation du combat.

En dรฉcembre 1956, ร  lโ€™occasion de la Confรฉrence de Makaรฏ, lโ€™UPC crรฉe le Comitรฉ national dโ€™organisation (CNO), vรฉritable รฉtat-major militaire chargรฉ de coordonner la lutte armรฉe. Isaac Nyobรจ Pandjock prendra plus tard la tรชte du CNO.

Le โ€œgรฉnรฉralโ€ du CNO

Chef militaire reconnu, Pandjock impose une organisation rigoureuse. Le CNO adopte une structure calquรฉe sur celle dโ€™une armรฉe classique : brigades, rรฉgiments et compagnies.

Dans les forรชts dโ€™Esรฉka, dโ€™Edรฉa et de Ngambรฉ, il met en place des camps dโ€™entraรฎnement et supervise des ateliers clandestins oรน lโ€™on fabrique des armes artisanales.

Mais Pandjock est surtout stratรจge dรฉterminรฉ. Conscient que la non-violence prรดnรฉe par Ruben Um Nyobรจ atteint ses limites face ร  la brutalitรฉ coloniale, il dรฉfend lโ€™usage de la force.

Le dรฉbat est dโ€™ailleurs nourri dans les rangs de lโ€™UPC : fallait-il rester fidรจles aux idรฉaux de non-violence, ou recourir aux armes ?

ร€ ce sujet, tranchait avec une citation du Premier ministre indien Jawaharlal Nehru, souvent reprise par les militants : ยซ Je prรฉfรจre la non-violence ร  la violence, mais jโ€™aime mieux la libertรฉ par la violence que la non-violence dans lโ€™esclavage. ยป
Pour Pandjock, cette phrase rรฉsume parfaitement le dilemme de son รฉpoque.

En 1957, il รฉlabore mรชme un plan dโ€™assassinats ciblรฉs contre les ยซ valets ยป camerounais du systรจme colonial, considรฉrant que la lutte ne peut รชtre gagnรฉe sans neutraliser les collaborateurs.

La traque coloniale

Cette montรฉe en puissance inquiรจte les autoritรฉs franรงaises. Dans la Sanaga-Maritime, rรฉgion natale de nombreux cadres de lโ€™UPC, lโ€™armรฉe coloniale lance une vaste offensive.

Les opรฉrations de ratissage, soutenues par des services de renseignement de plus en plus efficaces, visent directement les chefs du CNO.

Isaac Nyobรจ Pandjock devient rapidement une cible prioritaire. Pour les militaires franรงais, lโ€™รฉliminer serait porter un coup dรฉcisif au mouvement. ร€ partir de 1957, il vit traquรฉ, changeant sans cesse de cachette, mais poursuivant inlassablement son travail dโ€™organisation.

La fin, dans la forรชt

Le 7 juin 1958, son destin bascule. Ce jour-lร , une patrouille franรงaise lโ€™intercepte dans une forรชt de la Sanaga-Maritime. Pris dans une embuscade, Pandjock est tuรฉ.

Sa mort provoque un choc dans les rangs de lโ€™UPC : le mouvement perd son chef militaire, celui que beaucoup considรฉraient comme le ยซ gรฉnรฉral ยป du maquis.

Pour lโ€™armรฉe coloniale, cโ€™est une victoire. Dโ€™autant que les soldats saisissent une importante quantitรฉ de documents appartenant au CNO.

Ces papiers rรฉvรจlent lโ€™organisation interne du maquis, ses rรฉseaux, ses effectifs, ses points de ravitaillement. Ils deviennent une arme prรฉcieuse dans la lutte contre lโ€™insurrection, permettant dโ€™adapter la stratรฉgie coloniale et dโ€™accรฉlรฉrer la traque des autres leaders.

Un hรฉritage occultรฉ

Quelques mois plus tard, en septembre 1958, Ruben Um Nyobรจ est assassinรฉ ร  son tour. Ces deux morts successives portent un coup presque fatal au mouvement upรฉciste.

Pourtant, si Um Nyobรจ est restรฉ dans la mรฉmoire nationale comme le ยซ Mpodol ยป, le porte-parole du peuple, Isaac Nyobรจ Pandjock est tombรฉ dans lโ€™oubli.

Et pourtant, son rรดle fut crucial : il fut celui qui donna une vรฉritable dimension militaire ร  la lutte, celui qui tenta de transformer une rรฉbellion dispersรฉe en armรฉe de libรฉration nationale.

Sa mort, brutale et prรฉmรฉditรฉe, tรฉmoigne de la violence de la rรฉpression coloniale au Cameroun.

Lโ€™oubli est la ruse du diable!

Arol KETCH – 06.09.2025
Rat des archives 

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