dimanche, dรฉcembre 7, 2025
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Dรจs le milieu des annรฉes 1980, Djeukam Tchameni fonde une entreprise rรฉsolument en avance sur son temps : Intelligence Artificielle Inc., plus connue sous le nom dโ€™Intelar.

Oui, ร  une รฉpoque oรน le monde parle encore ร  peine dโ€™ordinateurs personnels, un jeune Camerounais ose dรฉjร  sโ€™approprier un concept que beaucoup ne dรฉcouvrent quโ€™aujourdโ€™hui: lโ€™intelligence artificielle.

Intelar une start-up avant lโ€™heure, un vรฉritable brain trust pluridisciplinaire, conรงu pour permettre ร  lโ€™Afrique de rivaliser avec les gรฉants mondiaux de la technologie. Ses fondateurs ont tous moins de 30 ans, formรฉs en Europe, aux ร‰tats-Unis ou en Russie. Leur seul tort : avoir rรชvรฉ trop tรดt, dans un pays qui nโ€™y รฉtait pas prรชt.

Lโ€™aventure commence en 1985, ร  la fin de ses รฉtudes aux ร‰tats-Unis. Diplรดmรฉ dโ€™un MBA de lโ€™University of Houston (Texas), Djeukam rentre au Cameroun animรฉ par une idรฉe claire : briser la dรฉpendance intellectuelle et technologique de lโ€™Afrique.

ร€ seulement 24 ans, il est recrutรฉ par Pecten, une multinationale amรฉricaine du secteur pรฉtrolier. Mais trรจs vite, il constate que les pratiques de lโ€™entreprise heurtent profondรฉment ses convictions patriotiques. Contre lโ€™avis gรฉnรฉral, il dรฉmissionne. Seule son รฉpouse, une Afro-amรฉricaine, lโ€™encourage ร  suivre sa voie.

Il fonde alors Intelar. Dโ€™abord, de modestes contrats : informatisation, conception de logiciels. Puis une idรฉe audacieuse sโ€™impose ร  lui concevoir un ordinateur africain, pensรฉ pour les rรฉalitรฉs locales : chaleur, poussiรจre, humiditรฉ.

Lโ€™idรฉe devient une obsession.

Il rassemble une รฉquipe de jeunes ingรฉnieurs camerounais. Ensemble, ils mettent au point un prototype baptisรฉ Ramsรจs Ier, en hommage ร  lโ€™ร‰gypte antique, berceau de la science africaine. En 1986, lโ€™ordinateur est prรฉsentรฉ lors dโ€™un salon au Palais des Congrรจs de Yaoundรฉ. Cโ€™est un choc. Le milieu technologique local est stupรฉfait.

Le Fogape accorde alors ร  Intelar un financement de 100 millions de FCFA. Lโ€™entreprise prend son envol. Tous les employรฉs sont Camerounais. Tous ont moins de 30 ans. Les machines sont conรงues ร  Douala, les composants fabriquรฉs ร  Taรฏwan.

Ramsรจs Ier devient le tout premier ordinateur africain. Un exemplaire est mรชme remis au prรฉsident Paul Biya. En quelques mois, Intelar devient une fiertรฉ africaine.

Mais au Cameroun, le succรจs dรฉrange. Malgrรฉ cette prouesse historique, Intelar ne reรงoit aucune reconnaissance officielle.

Le 4 aoรปt 1991 marque le basculement. Une manifestation prรฉvue ร  Douala Bar est bloquรฉe par les forces de lโ€™ordre. Les manifestants se replient vers le siรจge de Cap Libertรฉ, installรฉ dans les locaux dโ€™Intelar, sur le boulevard de la Libertรฉ ร  Akwa, prรจs de lโ€™hรดtel Le Ndรฉ. Pensant รชtre en sรฉcuritรฉ sur un espace privรฉ, ils sโ€™y regroupent pacifiquement.

Lโ€™assaut est brutal. Une force mixte : policiers, gendarmes, militaires etc intervient. Tirs ร  balles rรฉelles. Gaz lacrymogรจnes.

Prรจs de 700 personnes sont arrรชtรฉes. Djeukam รฉchappe de peu ร  la mort.

Le lendemain, les militaires reviennent. Ils dรฉfoncent les portes, pillent et saccagent les locaux, emportent le matรฉriel informatique.

Intelar est anรฉantie.

Cet acte signe la fin brutale dโ€™un rรชve technologique africain. Djeukam Tchameni entre dans la clandestinitรฉ, puis prend le chemin de lโ€™exil vers le Burkina Faso.

Lโ€™histoire dโ€™Intelar reste celle dโ€™un gรฉnie รฉtouffรฉ, dโ€™un futur brisรฉ trop tรดt, dโ€™une Afrique qui avait rendez-vous avec lโ€™innovationโ€ฆ et que lโ€™on a empรชchรฉe dโ€™y parvenir.

Libรฉrez Djeukam Tchameni et tous les prisonniers politiques.

Lโ€™oubli est la ruse du diable !

Arol KETCH โ€“ 07.12.20225

Rat des archives

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