๐ฬ ๐ฅ๐ ๐ฆ๐ฬ๐ฆ๐จ๐ข๐ซ๐ ๐โ๐๐๐จ๐๐๐ฅ ๐๐๐ซ๐ข๐ฆ๐จ๐ฎ
Lโoubli est la ruse du diable!
Le dรฉcรจs dโAbodel Karimou, survenu le dimanche 7 dรฉcembre 2025, est passรฉ presque inaperรงu. Et pourtant, avec lui disparaรฎt lโun des pionniers majeurs de la presse รฉcrite au Cameroun, un homme dont lโลuvre et lโengagement ont profondรฉment marquรฉ lโhistoire du journalisme dans le pays.
Abodel Karimou etait de nationalitรฉ bรฉninoise.

Fondateur et directeur de La Gazette, Abodel Karimou fut lโun de ceux qui, trรจs tรดt, ont osรฉ franchir le pas de la presse indรฉpendante ร une รฉpoque oรน lโaudace รฉditoriale relevait autant du courage que de la conviction.
Crรฉรฉ en 1974, La Gazette sโimposa rapidement comme lโun des plus anciens hebdomadaires privรฉs du Cameroun et demeure, ร juste titre, considรฉrรฉe comme lโancรชtre de la presse รฉcrite privรฉe camerounaise. Sous le parti unique oรน il etait presque interdit de parler de politique, la gazette sโest spรฉcialisรฉe dans les faits divers. Cโest notamment dans ses colonnes que les camerounais suivaient les รฉpisodes des terribles hors la loi comme Essono, Ekoutรฉ ou encore lโรฉquipe nationale du banditisme.
Cโest aussi ร travers ce journal que les Camerounais ont suivi des affaires lancinantes comme lโaffaire Mpondo ou celle du richissime camerounais qui tua ses enfants malades dans sa piscine.

Ancien rรฉdacteur en chef de La Presse du Cameroun, journal qui deviendra plus tard Cameroon Tribune, Abodel Karimou a su mettre son expรฉrience et sa rigueur professionnelle au service dโun journalisme critique, indรฉpendant et responsable.
La Gazette fut non seulement un espace de libertรฉ, mais aussi une รฉcole de formation pour de nombreux journalistes. Cโest dโailleurs dans ses colonnes que Pius Njawe (1957โ2010) fit ses premiers pas, avant de devenir lโune des figures emblรฉmatiques de la presse camerounaise. Il en est de mรชme pour Edouard Kinguรฉ , Jean Baptiste Sipa etc .
Homme de plume respectรฉ, Abodel Karimou รฉtait aussi un passeur de savoir, un guide attentif, une mรฉmoire vivante de la profession. Peu bavard , toujours ร lโรฉcoute, il cultivait une relation simple et humaine avec ses interlocuteurs, tout en protรฉgeant farouchement sa vie privรฉe.
ร ceux qui sโinterrogeaient sur son parcours acadรฉmique, il rรฉpondait avec humilitรฉ : ยซ Je suis un autodidacte ยป. Et si lโon insistait, il รฉvoquait sobrement son passage par lโรฉcole publique dโEsรฉka, le collรจge Moliรจre de Douala, ainsi que des cours par correspondance ร lโรcole universelle de Paris
autant dโรฉtapes dโun itinรฉraire forgรฉ par la curiositรฉ, la discipline et la passion du mรฉtier.
Figure tutรฉlaire de la presse indรฉpendante, souvent citรฉ parmi ceux qui ont fait le saut dรฉcisif vers les mรฉdias privรฉs, Abodel Karimou restera comme un symbole รฉlogieux du journalisme camerounais.

Son journal, reconnaissable ร son slogan devenu lรฉgendaire ยซ La Gazette รฉtait lร ยป tรฉmoigne encore aujourdโhui de cette prรฉsence constante, vigilante et engagรฉe dans la vie publique.
La presse camerounaise perd en lui lโun de ses piliers, un doyen, un homme de rigueur et de convictions, dont lโhรฉritage continuera dโinspirer les gรฉnรฉrations futures.
Abodel Karimou fut un bรขtisseur, un formateur, et une conscience professionnelle.
Que sa mรฉmoire demeure vivante dans lโhistoire de la presse camerounaise.
Lโoubli est la ruse du diable!
Arol Ketch – 14.12.2025
Rat des archives