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François Tombalbaye, « L’homme au visage balafré » (1918-1975)

Le Président Idriss Deby est mort mais le saviez vous ? Un autre président Tchadien est aussi mort dans l’exercice de ses fonctions. C’était aussi au mois d’avril. On parlait déjà de rébellion.
Visage balafré, calot en peau de léopard, idéologie de la « tchaditude », voilà ce que beaucoup de tchadiens retiennent de François Tombalbaye, père de l’indépendance, premier président de la République du Tchad.
En 1947, il participe à la fondation du parti progressiste tchadien (PPT) section locale du rassemblement démocratique africain (RDA). Il devient un peu plus tard président de l’union des syndicats autonomes du Tchad. En 1959, il est fait premier ministre. C’est à ce poste qu’il conduit le Tchad à l’indépendance le 11 août 1960.
Élu président de la République en 1962, François Tombalbaye proclame le parti progressiste tchadien (PPT) parti unique et commence peu à peu à cumuler les fonctions de président de la République et celle de chef de gouvernement. Après 1966, il dirige lui-même plusieurs ministères régaliens. Devenu l’objet de plusieurs complots et conjurations, il se transforme en un dictateur paranoïaque se méfiant même de ses propres amis. Il multiplie les arrestations, fait usage de la torture et du meurtre pour neutraliser tous ceux qui sont soupçonnés d’en vouloir à son pouvoir.
Confronté à des mouvements de rébellion, il fait appel à la France pour mater les rébellions. En 1971, la France cesse officiellement d’intervenir au Tchad. C’est le début de la rupture et de la détérioration des relations avec la France. Après avoir déjoué une tentative de coup d’État en 1971, François Tombalbaye déclenche en juillet 1972, sa première révolution culturelle qu’il baptise « tchaditude ».


Une idéologie qui ressemble à s’y méprendre à l’authenticité initiée au Zaïre par Mobutu, ce lien vient du fait que le Zaïre a servi de terrain d’entraînement pour les commandos tchadiens destinés à combattre les rebelles du Nord. La « tchaditude » promeut le retour à l’authenticité africaine.
En 1973, le président François Tombalbaye troque définitivement le costume cravate traditionnel contre le calot en peau de léopard, l’Abacost de bonne coupe et le foulard de choix avec pochette assortie. Il prône le changement des prénoms empruntés à l’occident pour des prénoms d’origine africaine, luimême passant de François à N’garta ce qui signifie « le vrai chef ».
Il change aussi les noms de lieux. Fort-Lamy et Fort-Archambault deviennent respectivement N’Djamena et Sarth, la radio nationale devient la voix des ancêtres, le parti progressiste tchadien devient le mouvement national pour la révolution culturelle et sociale. Il se voit conférer le rôle de creuset de l’humanisme tchadien. Il exalte la « tchaditude », théorie qui aurait précédé selon lui le christianisme et l’Islam.
Cette théorie implique le retour à l’authenticité, le rétablissement des chefferies traditionnelles et l’exaltation du rite d’initiation traditionnel : le « yondo », rite particulièrement difficile et éprouvant. Les nombreuses balafres qui zèbrent le visage du désormais N’garta Tombalbaye sont un témoignage de la dureté de ce rite. Selon N’garta Tombalbaye ce rite a pour finalité de réaliser une intégration, une socialisation des jeunes dans un contexte tchadien.
« L’homme au visage balafré » est assassiné dans des circonstances obscures lors du coup d’Etat d’avril 1975 qui plaça Félix Malloum à la tête du Tchad. En réalité, il avait senti sa fin approcher, il était au courant du complot qui se tramait contre lui. La nuit du putsch, il fit venir un griot à qui il demanda de déclamer son oraison funèbre. Après cela, il tint un conseil de sécurité au cours duquel il donna des instructions ferme sur sa protection et celle du palais. Un riche ami sénégalais très proche, voyant le danger arriver, lui suggéra d’aller se réfugier à l’hôtel la tchadienne.
Mais Tombalbaye qui avait affirmé dans un discours quelques temps plus tôt qu’il « portera sa croix comme le Christ », déclina l’offre de son ami en lui affirmant être très confiant en ses pouvoirs mystiques et aux forces occultes. Il lui répondit qu’il attendait les putschistes avec son « N’gol » (arme initiatique et mystique). N’garta Tombalbaye sera froidement assassiné par les putschistes malgré la protection de son « N’gol ».
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Arol KETCH – 23.04.2021
Rat des archives
Fourmi Magnan égaré

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