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Victor Lustig : L’escroc qui a vendu la tour Eiffel

Né le 4 janvier 1890 (Autriche – Hongrie ) dans une famille bourgeoise aisée, Victor Lustig est un escroc célèbre dont le principal fait d’arme a été d’avoir vendu la tour Eiffel.

Dès son plus jeune âge, il manifeste une aversion pour le travail. Paresseux et fainéant, il a déjà un goût prononcé pour le gain facile. Il rêve de bâtir une fortune extraordinaire sans jamais travailler. Il se fait néanmoins remarquer par une grande imagination, une intelligence très fine, un humour ravageur. Beau parleur, il séduit par sa grâce et son charme.

Excellent joueur, il manie les cartes avec dextérité. Lustig gagne de l’argent en embarquant à bord de bateaux à vapeur où il triche et escroque en jouant aux cartes. Sur ces bateaux de croisière, il se lie d’amitié avec de riches passagers et leur propose des parties de cartes au terme desquels il ressort toujours victorieux en truquant et rafle la mise. Il amasse une bonne petite fortune. Il va même arnaquer un riche banquier américain.

Avec le début de la première guerre mondiale, cette source de revenus disparaît.

En 1920, il s’installe aux Etats-Unis. Il faut dire que notre escroc parle couramment au moins cinq langues. 

Aux USA, il se présente comme le comte de Lustig, aristocrate autrichien. 

C’est  en tant que comte de Lustig qu’il se présente au guichet d’une petite banque locale. Il dit avoir appris que la banque cherchait à vendre une ferme dans les environs et qu’il souhaitait se lancer dans l’agriculture pour meubler sa  nouvelle vie outre-atlantique.

Il propose au banquier la somme de 25 mille dollars pour l’acquisition de cette ferme. Une somme inespérée pour le banquier compte tenu de l’état de délabrement du bien vendu. 

Lustig se présente devant le directeur de la banque avec un paquet fermé censé contenir l’argent de l’acquisition. Fin manipulateur, il invite le banquier à ouvrir le paquet pour vérifier que les comptes sont bons. Mais impressionné par l’assurance de Lustig, le banquier décide de faire confiance à son interlocuteur et refuse d’ouvrir le paquet pour ne pas vexer le richissime comte de Lustig.  Les deux hommes signent les documents et se serrent les mains. Le banquier peine à cacher sa joie. Il est heureux d’avoir réussi à vendre un bâtiment en ruine à une telle somme. Il ne sait pas encore qu’il est en réalité le dindon de la farce.

Ce n’est qu’après le départ de Lustig que le banquier découvre la supercherie : Le paquet était rempli de faux billets. Furieux, le banquier engage des détectives privés qu’il lance aux trousses de Lustig. Ceux-ci réussissent à arrêter Lustig mais fin manipulateur, il va leur faire comprendre qu’il est dans l’intérêt du banquier de le relâcher car s’il était poursuivi par la banque en justice, il serait alors obligé de révéler au grand jour comment il a réussi à rouler facilement un banque; ce qui pourrait occasionner une faillite, car après avoir appris cela,  les clients de la banque n’auront plus confiance et iront confier leurs économies à d’autres banques plus sérieuses. Lustig est relâché.

Au pays de l’oncle Sam, il se spécialise aussi dans les arnaques hippiques. Arpentant les champs de courses, il affirme aux parieurs connaître à l’avance les résultats des courses hippiques. Il se dit prêt à les aider moyennant une petite commission.

Ayant perçu ses commissions, il s’évapore dans la nature à une vitesse épique avant la fin des concours hippiques.

Lustig se spécialise aussi dans l’arnaque de la machine à dupliquer les billets. Il affirme posséder un appareil permettant de dupliquer les billets de banque. Il va même en faire la démonstration devant des pigeons qui tomberont dans le panneau comme des bleus. Les ayant convaincu que la machine duplique réellement les billets de banque, Lustig va leur vendre la machine à une somme colossale et fondre dans la nature. 

Ingénieux et inventif, il expérimente à chaque fois de nouvelles idées d’arnaque. Parmi ses victimes, on compte entre autres Al Capone.

Ayant amassé suffisamment d’argent aux Etats-Unis, il revient à Paris ( France); les poches pleines. Après la première guerre mondiale, Paris est en plein boom économique. Ce sont les Années folles. Dépensier, Lustig mène la grande vie et claque tout son argent. 

C’est ainsi qu’il se retrouve ruiné. Il réfléchit désormais à mettre en place une nouvelle arnaque. Reclu dans sa luxueuse chambre de l’hôtel de Crillon, place de la Concorde, il lit les journaux pour trouver l’inspiration.

Il est interpellé par un article qui explique que l’entretien de la tour Eiffel pose de plus en plus problème à la ville de Paris. La dame de fer est un gouffre financier pour la mairie de Paris, les métaux qui la constituent rouillent, et exigent de coûteuses réparations. Peut-être que la vendre serait la solution, conclut l’article sous forme de boutade. Lustig prend cette boutade à la lettre. Il a trouvé sa nouvelle arnaque: faire croire que la mairie de Paris met en vente la tour Eiffel, et gérer la transaction.

Il fait fabriquer de fausses mises au concours pour la vente de la tour Eiffel et envoie de fausses,en-tête de la mairie, falsifiée par ses soins, aux cinq plus grands ferrailleurs de la place. C’est dans l’hôtel de Crillon qu’une rencontre confidentielle a lieu avec les 5 hommes d’affaires. Ce matin de 1925,  Victor Lustig se présente comme directeur général, représentant du ministère des PTT; il leur dit être missionné par le Président de la République Gaston Doumergue pour vendre la tour Eiffel. 

C’est connu dans l’art d’arnaquer, plus c’est gros, plus ça passe. Avec une aisance déconcertante, il réussit à rendre crédible la situation. Il emmène même les hommes d’affaires à la tour. En effet, il a tout prévu, une limousine  louée pour l’occasion les conduit jusqu’au pied de la tour.

 Au guichet, il présente une carte tricolore hâtivement falsifiée. On le laisse entrer et il fait visiter aux ferrailleurs la dame de fer. Une fois la visite terminée, il demande aux visiteurs de garder le secret jusqu’à la vente et leur recommande de lui adresser, s’ils sont intéressés, une offre chiffrée. Lustig a repéré sa cible parmi les 5 ferrailleurs : André Poisson, un homme peu sûr de lui qui espérait se faire une place dans le monde des affaires parisien grâce à cet achat. Lustig va le travailler au corps. Il le rencontre une nouvelle fois pour le persuader. André Poisson reçoit une lettre lui indiquant qu’il a été choisi par la mairie. Il signe un gros chèque, verse même un pot-de-vin à Victor Lustig. Poisson était au courant de la corruption des fonctionnaires de l’État.

 Dès que l’affaire fut conclue, Lustig et son associé Dan Collins disparaissent dans la nature et trouvent refuge  à Vienne avec le magot. N’ayant reçu aucune instruction pratique concernant la suite des opérations, M. Poisson comprend finalement qu’il a été roulé dans la farine de manioc. Humilié, miné par la honte, Poisson n’en dira jamais rien. Il n’a pas osé dénoncer l’escroquerie craignant de devenir la risée du Tout-Paris.

Auréolé de ce succès, Lustig se sent pousser des ailes et veut répéter le même coup un mois plus tard. Mais cette fois-ci, sa  victime décèle la supercherie et dénonce l’arnaque à la police. Les deux escrocs sont obligés de prendre la fuite précipitamment vers les Etats-Unis où ils s’adonnent à la fausse monnaie.

Cette activité va le mener tout droit en prison. Incarcéré, il réussit à négocier sa libération avec le shérif en échange d’une de ses fameuses machines à dupliquer de l’argent. Lorsque le Shérif se rend compte de la supercherie, il se lance aux trousses de Lustig qu’il finit par retrouver à Chicago. Avec son sang-froid légendaire, Lustig explique au shérif qu’il s’était mal servi de la machine. Il réussit à l’embrouiller avec des détails techniques et promet de venir faire une nouvelle démonstration de l’utilisation de la machine.

Pour montrer sa bonne foi, il lui remet une liasse de billets en guise de dédommagement. Bien entendu, il s’agissait de faux billets et le shérif se fit arrêter peu de temps après pour possession de faux billets.

Lustig enchaîne les arnaques, inondant  New-york de faux billets.

En 1934, une enquête sur l’origine de la fausse monnaie qui inondait les États-Unis conduit à son arrestation. La veille de son procès, il réussit à s’enfuir en fabriquant  une corde avec son drap de lit. Il est arrêté 27 jours plus tard. Condamné à 15 ans prison, il est enfermé  à la sinistre prison d’Alcatraz. Le 9 mars 1947 il décède des suites d’une pneumonie. Sur les murs de sa cellule, on retrouve une carte postale sur laquelle s’élève la tour Eiffel. 

On peut y lire  « vendue 100 000 Francs ».

Arol KETCH – 24.05.2022

Rat des archives 

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