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Qui a tué Philippe de Dieuleveult ?

Je reviens sur cette affaire parce qu’il y a un livre paru récemment et publié par le neveu de Philippe de Dieuleveult qui soutient la thèse de la liquidation (Noyade d’Etat). Aussi, des informations récentes font état de l’existence d’un dossier secret sur cette affaire.
Philippe de Dieuleveult est un célèbre animateur de télévision française qui va disparaitre de manière mystérieuse en 1985 au large du fleuve Zaïre dans l’actuel Congo en Afrique Centrale. Que s’est-il passé ? Qui a tué Philippe de Dieuleveult ?


De 1981 à 1985, Philippe de Dieuleveult animait sur Antenne 2 (Actuelle France 2), la célèbre émission de jeu télévisé « La Chasse aux trésors ». Chaque semaine, il incarnait le rôle du journaliste-aventurier, prêt à tous les exploits aux quatre coins du monde. C’était l’animateur préféré des français. Il avait 34 ans à son décès.
En 1985, Philippe de Dieuleveult lance l’expédition « Africa-Raft » en compagnie d’une dizaine de compagnons. Ils ambitionnent de descendre le fleuve Zaïre en zodiac jusqu’à l’océan atlantique ce que personne n’avait jamais réalisé à cause de rapides réputés infranchissables. En effet, le Zaïre est le deuxième fleuve du monde par son débit après l’Amazone. Plusieurs équipes se constituent et l’expédition est lancée. Dès le 6 aout 1985, on n’a plus des nouvelles des aventuriers. Les radios qui les mettaient en liaison avec Paris ont cessé d’émettre.
Philippe de Dieuleveult et six compagnons disparaissent mystérieusement aux environs du barrage hydroélectrique d’Inga. C’est un membre de l’équipage qui n’avait plus pris part à l’expédition (avec le médecin), qui va sonner l’alerte générale.

Les investigations infructueuses concluent sur le coup finalement à une noyade dans les terribles rapides du fleuve. Cependant, cette version sera battue en brèche et plusieurs versions seront alors émises : Noyage, banal accident, assassinat ou bavure de l’armée zaïroise.
Selon un reportage diffusé en 2006, l’armée zaïroise aurait confondu Philippe de Dieuleveult et deux autres compagnons (Angelo Angelini et Lucien Blockmans) à des mercenaires de Kabila et les aurait froidement abattus. En effet, un camp de Kabila était installé le long du fleuve où étaient présents des conseillers militaires cubains et soviétiques.


Les quatre autres membres de l’expédition (André Hérault, Richard Janelle, Guy Colette et Nelson Bastos) seraient selon ce reportage mort par noyade puisque l’épave du raft dans lequel ils étaient fut retrouvé intact, accosté le long d’une petite crique.
Pour le journal belge Le Soir du 20 août 1985, c’est la thèse de l’accident qui est la plus vraisemblable. Selon eux, le raft de Philippe de Dieuleveult aurait dérivé sur le fleuve avant le virage en tête d’épingle et aurait été par la suite happé par les courants vers l’ouest devant le barrage.
Une dernière hypothèse est souvent émise et c’est celle-là qui m’intéresse. Il s’agit de la version de l’assassinat. Une information clé sur cette affaire a été cachée pendant une dizaine d’années. Philippe de Dieuleveult était un espion français. Parallèlement à ses activités de journaliste-aventurier, Philippe de Dieuleveult est capitaine de réserve de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), le service de renseignement français. Dans le livre intitulé « J’ai vu mourir Philippe de Dieuleveult », Okito Bene-Bene, un ex-officier des services secrets zaïrois de cette époque va affirmer avoir assisté à l’exécution de Philippe de Dieuleveult et que celui a été assassiné par les autorités zaïroises qui le pensaient proche du régime libyen de Kadafi. En effet, Kadafi avait promis des jours avant qu’il allait envoyer des troupes cubaines pour détruire le barrage d’Inga.
Dans ce livre, Okito Bene-Bene qui était réfugié en Belgique à la parution de ce livre raconte avec des détails troublants les derniers instants de Philippe de Dieuleveult et de ses 4 compagnons. En 2008, les enquêtes de la journaliste Anna Miquel vont appuyer la thèse de l’assassinat. Cette dernière affirme que le 8 août 1985 soit 2 jours après la disparition officielle des membres de l’expédition « Africa Raft » dans les rapides d’Inga, Philippe de Dieuleveult a été interrogé à Kinshasa par un officier de la Division spéciale présidentielle, la garde personnelle de l’ex-président Mobutu Sese Seko. La journaliste présente même le procès-verbal de cet interrogatoire.
Dans son livre « Noyade d’Etat » paru récemment en août 2020, Alexis de Dieuleveult, neveu de Philippe de Dieuleveult, revient sur les questionnements autour de cette disparition et les actions du gouvernement. Il soutient la thèse d’une bavure militaire ; évoque une succession de faits et de témoignages.
Selon lui, on n’a jamais pu reconstituer intégralement le raft, les parties ayant disparu. Des ingénieurs américains présents sur les lieux la veille du drame, témoigne de l’extinction des feux et d’une présence militaire qui était arrivé en convoi au bord du fleuve. Ils témoignent également des menaces de tirs en direction des rafts. Et il se trouve aussi qu’on avait demandé aux deux rescapés de l’expédition de signer un papier pour affirmer qu’ils n’avaient entendu aucun coup de feu. Puisque la version officielle parle de noyage, pourquoi parler de Coup de feu aux survivants ?

Alexis de Dieuleveult publiera en mi septembre une seconde partie enrichie de son livre « Noyade d’Etat » dans lequel il ferra des révélations inédites.
Pour lui, il s’agit d’une trahison. Dieuleveult aurait été liquidé dans une affaire franco-française. Les Zaïrois qui redoutaient l’incursion des cubains ont été intentionnellement mis en alerte par les services français et les soldats Zaïrois ont tiré croyant avoir affaire à des ennemis. Ensuite, on se serait débarrassé des corps car au pays de Mobutu, on ne retrouve jamais les corps. Pour Alexis de Dieuleveult, cette histoire n’est que mensonges et manipulations. Il y a une volonté manifeste d’étouffer cette affaire. Un corps méconnaissable , sans tête, sans sexe et même sans viscère est présenté comme étant celui de Philippe Dieuleveult ce que contexte vigoureusement aujourd’hui Alexis de Dieuleveult. Seul contre tous, Alexis est déterminé à obtenir la vérité sur cette affaire sensible.
Après cette affaire, plusieurs enfants nés dans les villages aux alentours ont reçu le nom « Dieuleveult ».
A ce jour le mystère demeure sur la disparition de Philippe de Dieuleveult ; si Dieu le veut, peut-être un jour on saura la vérité sur cette affaire.


Arol KETCH – 06.09.2022
Fourmi Magnan égarée

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