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René Philombé, « Le grand écrivain, l’écrivain maudit »

René Philombe est un écrivain, journaliste, poète, romancier et dramaturge camerounais né le 13 novembre 1930 à Ngaoundéré où travaillait son père en tant qu’écrivain-interprète.

René Philombe intègre en 1945 l’école supérieure de Yaoundé mais son activisme dans les mouvements marxistes lui vaudra d’y être renvoyé. Avide de savoir et de culture, il s’adonne à la musique instrumentale (guitare, banjo, violon, mvet, danse classique…), se forme en autodidacte et suit des cours par correspondance de l’École universelle, de l’ABC, de l’École des sciences et des arts de Paris. Il est reçu au concours de la police en 1950 et devient fonctionnaire. Il s’engage quelques années plus tard clandestinement dans l’Union des Populations du Cameroun (UPC).

En 1955 une implacable polynévrite paralyse ses jambes à vie et le contraint à quitter la police. Il se consacre alors pleinement à ses activités littéraires ; se met à écrire des poèmes, des romans et des nouvelles. C’est au cours de ces années qu’il écrit Lettres de ma cambuse paru en 1964 (ouvrage couronné par le prix Mottart de l’Académie française). Dans la foulée, il crée des journaux critiques à l’égard du pouvoir en place : La Voix du citoyen, Bebela Ebug, Abolegue, Cameroun littéraire, Ozila, etc. Ce qui lui vaudra des saisies et des arrestations.

Il fonde en 1960 avec quelques amis l’Association des Poètes et Écrivains Camerounais (APEC) dont il sera secrétaire de 1960 à 1981.

En 1961, René Philombe est mis en prison pendant plusieurs mois.  Il y écrit Choc anti-choc : roman en poèmes. Accusé d’avoir récréé l’UPC, il est de nouveau incarcéré en 1963.

En 1972, il crée sa propre maison d’édition Semences Africaines afin de promouvoir la littérature camerounaise et africaine.

Vers la fin de sa vie, Philombe se trouve contraint de quitter la ville de Yaoundé pour Batschenga, son village où il sera un temps conseiller municipal RDPC (parti au pouvoir). Il décède le 25 octobre 2001.

Grand par le talent, Il aurait mérité le surnom de “grand écrivain” tant son oeuvre littéraire est immense : Lettres de ma Cambuse, Sola ma chérie, Un Sorcier blanc à Zangali, Histoires queue de chat, Africapolis, Choc Anti-Choc, Les blanc partis, les nègres dansent, Espaces essentiels, Le livre camerounais et ses auteurs : une contribution à l’histoire littéraire de la République Unie du Cameroun de 1895 à nos jours avec une notice bio-bibliographique des auteurs, L’Ancien maquisard.

Handicapé moteur, victime de la censure, auteur bâillonné, écrivain torturé et emprisonné, doté d’une vie conjugale particulièrement animée, René Philombé aurait aussi mérité le surnom “écrivain maudit”. C’est un artiste de génie qui n’a pas été reconnu de son vivant. 

Extrait de mon livre « Surnom des hommes et femmes qui ont marqué l’histoire contemporaine de l’Afrique »  Arol KETCHIEMEN

Arol KETCH – 07.09.2022

Rat des archives

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