AfriqueBiographieCamerounMusiqueMusique CamerounaiseRécits

Félix Sabal-Lecco est mort

Felix Sabal-lecco Musicien nous a quittés cette nuit. Une grande perte pour la musique camerounaise. Je garde de lui l’image d’un aîné passionné, simple et disponible qui a toujours répondu à mes sollicitations.

Il fait partie des plus grands batteurs africains. Il est à la fois batteur, bassiste, compositeur, interprète, producteur et arrangeur. Il est né à Yaoundé de la lignée d’une famille de 8 enfants (4 filles et 4 garçons).

Félix Sabal-Lecco est issu d’une famille camerounaise noble, au statut social élevé. Son père qui s’ appelle également Félix Sabal-Lecco a été ministre au Cameroun, sous le gouvernement d’Ahmadou Ahidjo. Ancien préfet du département du Moungo, il fut plusieurs fois ministre et ambassadeur.

Félix commence la musique au lycée dans les orchestres scolaires en tant que bassiste ; la batterie n’était que secondaire. Le nom de Félix est généralement associé à celui de son frère Armand, lui aussi musicien. Les frères Armand et Félix Sabal- Lecco ont été considérablement influencés par leur frère aîné Roger qui est un excellent bassiste. C’est lui qui va en quelque sorte leur donner l’envie de faire de la musique.

C’est en allant regarder Roger se produire dans les clubs très connus de Yaoundé que ses frères cadets vont découvrir le monde de la musique. Lorsqu’ils arrivent en France pour poursuivre leurs études (années 78 -79), les Frères Sabal Lecco vont se tourner vers la musique au point de mettre leurs études entre parenthèses.

Félix faisait des études de garde forestier. À la suite d’un désaccord avec ses parents qui ne souhaitaient pas qu’il fasse de la musique, les vivres lui seront coupés ; il va donc décider de faire de la musique et les petits boulots pour gagner sa vie. Félix Sabal-Lecco a un parcours atypique ; c’est un autodidacte. Faute d’avoir une batterie, il va s’entraîner pendant des années sur un banc en jouant avec ses mains et des baguettes sur ses cuisses.

À ses débuts, il va connaître de grandes périodes de vaches maigres, de véritables moments de doute. Félix Sabal-Lecco et son frère Armand ont été membres de l’orchestre de Manu Dibango.

Au sein de l’orchestre, Félix va d’abord commencer comme bassiste, puis comme batteur en échangeant sa place avec son frère Armand. Un jour, son frère Armand a tardé à arriver à la répétition. Alors, pour ne pas prendre trop de retard, Manu a demandé à Félix qui était le bassiste d’aller jouer comme batteur. Lorsque Armand est arrivé, mais avec pas mal de retard, on lui a demandé de prendre la basse. Il va se révéler très bon à la basse.

Manu a trouvé ça tellement bien qu’il a décidé, après un concert, de garder la formation comme cela, et ça n’a jamais plus changé. Au sein du Soul Makossa de Manu il faisait partie du noyau solide surnommé “le commando” constitué de Justin Bowen, Ndedi Dibango, Vincent Nguini, Armand Sabal-Lecco.

Avec Manu Dibango, il fait plusieurs tournées internationales (Allemagne, USA, etc.) et participe à la réalisation de plusieurs albums.

Felix Sabal-Lecco a collaboré et joué avec plusieurs artistes de renom : le Sénégalais Youssou N’Dour ; le Malien Salif Keïta ; les Français France Gall, Michel Jonas, Alan Stivell ; les Britanniques Peter Gabriel, Jeff Beck, Alan Stivell, Sting ; l’Américain Lenny Kravitz ; le Suédois Jonas Hellborg. Il a aussi joué avec Prince. Félix a été en tournée avec Peter Gabriel.

Félix Sabal-Lecco a aussi participé à la batterie sur l’album « The Rhythm of the Saints » de Paul Simon en 1990. Son frère Armand sera à la basse et le maestro Vincent

Nguini, Music Director chez Paul Simon, était à la guitare. Il s’illustre aussi avec brio dans la réalisation des musiques des films. Il a composé plusieurs musiques pour les documentaires de Luc Riolon et pour plusieurs autres réalisateurs. Il a participé à la musique de la saga « Kirikou ». Félix est aussi un grand amoureux de la chanson française. Ces chansons ont bercé sa tendre enfance au Cameroun. Il a toujours été inspiré par Charles Aznavour qu’il a toujours considéré comme son idole depuis l’âge de 6 ans. Félix Sabal-Lecco est un homme très humble et travailleur .

Même s’il a eu des idoles comme Billy Cobham, son maître incontesté demeure le batteur Camerounais Edouard Koulbellé ; un génie de la batterie qui évoluait au cabaret « Le

Philanthrope » aux côtés des idoles tels que Roger Sabal-Lecco, Constantin Abel Ambassa « Moustique », Depadou, Annie disco, etc.

Félix Sabal-Lecco nous a quittés cette nuit. Que la terre de nos ancêtres lui soit légère.

L’oubli est la ruse du diable

Arol KETCH – 04.03.2024

Rat des archives

Spread the love

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!