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Le viol a détruit ma vie

Après la sortie de l’artiste Daphnée qui revalait avoir été violé pendant son enfance, j’ai été contacté par une abonnée qui avait besoin de parler. Elle m’a raconté son histoire, je l’ai écoutée attentivement. Je lui ai donc proposé de raconter son histoire afin de sensibiliser les potentielles victimes de viol. Voici son histoire.
Le viol a détruit ma vie et depuis, je me sens inutile. Le viol me hante. Depuis mon enfance jusqu’à ce jour je n’ai fait que subir des viols. J’ai l’impression que ma vie se résume à ça. Je suis juste bonne à être violée.
J’ai 23 ans et je suis l’aînée d’une fratrie de quatre en fratrie de 4 enfants. Ma mère m’a eu très jeune alors qu’elle était au collège. Mon père n’a pas assumé la grossesse de ma mère ; il est parti et j’ai été élevée par l’homme qui a épousé ma mère ; avec lui, tout se passait bien. A l’âge de 8 ans, je découvre l’horreur lorsque je suis envoyée en vacances chez ma grand-mère. Les cousins de ma mère me menacent régulièrement et m’obligent à sucer leur pénis. C’était une obsession chez eux.
A chaque fois qu’approchaient les vacances, j’étais remplie de peur à l’idée d’aller chez ma grand-mère car je savais ce qui m’y attendait. Ma mère ne comprenait pas mes frayeurs et finalement, je lui ai tout raconté malgré les menaces. Malheureusement pour moi, elle a pris cela avec légèreté. Peut-être, elle ne m’a pas cru. Je ne sais pas.


Lorsque ma mère est devenue veuve en 2006, elle était très triste et malheureuse. Elle avait besoin d’être soutenue et consolée. C’est à ce moment là que mon père biologique débarque dans ma vie. Je découvre alors que le mari de ma mère décédé, n’était pas mon vrai père. Mon père biologique qui avait abandonné ma mère pendant sa grossesse se met en couple avec ma mère.
Je n’ai jamais aimé ce monsieur. Il m’énervait. Il dégageait une énergie négative ; je le trouvais dégoutant sans raison valable. J’ai dit ce que je ressentais à ma mère mais elle ne m’a pas écouté. Il est donc venu s’installer chez nous. Bien que ce soit mon père, les relations n’ont jamais été bonnes entre nous. C’était toujours la guerre. Il me menait la vie dure. Ayant constaté que je ne l’aimais pas, il s’arrangeait à me mettre en conflit avec ma mère tout le temps. Celle-ci lui faisait aveuglement confiance. Je vais vivre l’enfer pendant plusieurs années.
Un jour, il m’a dit ceci : « Le jour où je vais constater que tu n’es plus vierge, je vais te tuer ». Je vais lui demander spontanément pourquoi, il m’avançait de telles paroles. Il va me répondre qu’il souhaiterait être celui qui va me dévierger. J’ai couru relater cela à ma mère mais il ne m’a pas cru.
Mon père m’a fait régulièrement des attouchements pendant plusieurs années ; je me plaignais mais personne ne me croyait. Ma mère disait toujours que j’exagérais et que je dramatisais tout. Elle disait que je sabote mon père parce que je ne veux pas qu’elle soit heureuse et pourtant elle a aussi droit au bonheur.
Quand je faisais le ménage et que je passais près de lui, il me tapotait les fesses, me caressait les jambes et m’attrapait pour m’appuyer les seins. A chaque fois, je me débattais car je savais qu’il était capable d’aller plus loin. Il s’arrangeait à le faire en l’absence de ma mère et à son retour, lorsque je relatais la scène, elle ne me croyait pas. Il ne s’arrêtait pas là ; il draguait toutes mes camarades de classe qui venaient à la maison.
Lorsque je racontais mon calvaire à mes amis, ils me conseillaient de ne plus rien dire à ma mère pour ne pas gâcher son bonheur car elle avait enfin retrouvé la joie et le sourire. J’ai subi cela jusqu’à mon entrée à l’université. Un jour, j’avais cours à l’université à 10 heures et j’étais convaincue d’être seule à la maison car toute la maisonnée sortait tôt et j’étais généralement la dernière à sortir de la maison.
Il avait plu ce jour là et j’étais en train de faire mes travaux domestiques. Je ne savais pas que mon père était là, et m’observait. Il est subitement sorti de sa chambre au moment où j’allais prendre ma douche ; quand j’ai terminé ma toilette, il est entré dans ma chambre par éffraction et m’a poussée sur le lit. J’étais toute nue ; il m’a menacé. Il m’a dit que j’allais lui donner ce qu’il a temps voulu depuis ; qu’il en avait besoin pour le pouvoir et la richesse.
Je n’ai même pas eu le temps de paniquer ; je me suis mise à prier. Lorsqu’il s’est jeté sur moi, une force surnaturelle m’a permis de le repousser jusqu’à ce qu’il tombe. J’ai pris rapidement quelques vêtements et j’ai foncé à l’extérieur. Je me suis habillée dans la cour et je suis allée me refugier chez une amie. Je suis rentrée à la maison lorsque j’étais certaine que ma mère était rentrée du boulot.
Là encore, elle ne m’a pas cru. J’ai trouvé qu’il avait inventé toute une histoire. Tout cela m’a refroidi à jamais et j’ai décidé de garder le silence. Cette guerre entre lui et moi était devenue perpétuelle. Il m’avait même emmené dans un petit village pour un sacrifice rituel. J’en voulais à ma mère. J’ai failli perdre la ma vie plusieurs fois sous yeux et elle ne m’a jamais cru. Il a fallu beaucoup de prières pour que les yeux de ma mère s’ouvrent enfin et qu’elle comprenne. Ma mère l’avait enfin démasqué.
Son masque tombé et il est parti seul et sans violence ; toutefois, le jour où il partait, il m’a promis la mort. Il a juré qu’il allait finir avec moi.
J’ai perdu mon innocence à travers un viol. J’avais 15 ans. Il y avait le deuil d’un jeune du quartier. Je m’y suis rendue avec une bande de jeunes du quartier ; je ne savais pas qu’ils avaient planifié mon viol. L’un des jeunes avec qui j’étais plutôt proche m’a offert un Coca et je me suis retrouvée dans une rigole le matin sous la pluie. Je ne sais pas combien sont passés sur moi ce jour-là. Je ne me souvenais de rien ; il y avait juste un mot dans ma poche qui disait : « Merci, c’était difficile mais nous y sommes arrivés ». C’était un pari entre amis. Ils avaient tout planifié.
J’ai encore en tête les images de ce jour où je me suis réveillée dans une rigole sous la pluie entourée d’une foule qui criait, j’entends encore les pleurs de maman. Je n’ai jamais eu autant honte de ma vie que ce jour-là ; je me sentais sale. J’avais honte, j’avais mal partout ; je n’arrivais pas à marcher ; je saignais comme un animal éventré. J’ai été emmené à l’hôpital où on m’a fait 5 points de suture. Lorsque j’ai dénoncé les violeurs, on m’a dit que j’avais cherché ce qui m’était arrivé. On m’a dit que je cherchais quoi dehors la nuit au lieu de dormir. L’affaire est passé comme de l’eau. Les coupables n’ont rien eu.
Rien n’allait plus à l’école, j’avais des crises d’hystérie ; je perdais connaissance ; on appelait ma mère de venir me chercher tout le temps ; j’étais toujours seule dans mon coin, toujours absente d’esprit. Des examens médicaux ont révélé que j’avais une arythmie cardiaque du fait de tout ce que j’avais subi et que je ruminais intérieurement.
J’avais désormais peur des hommes ; je me sentais sale et indigne. J’ai néanmoins rencontré un jeune garçon qui m’aimait beaucoup et m’a soutenu, je me refusais de m’adonner à lui, je le repoussais mais c’est grâce à lui que j’ai réussi à mon probatoire. Je lui dis merci pour ça. Notre relation n’a pas duré parce que j’étais troublée et portais les séquelles psychologiques du viol.
J’ai subi un autre viol le 7 avril 2017. Par le biais d’une amie, j’ai fait la connaissance d’un garçon qui vivait dans une autre ville. Quelques temps après, il a commencé à m’inviter dans sa ville pour me changer les idées et me faire découvrir la ville. Un jour, il m’a séquestré dans sa chambre et a confisqué toutes mes affaires. Il a confisqué ma carte nationale d’identité, mon argent, mon téléphone. Je suis restée affamée toute la journée.
A son retour très tard la nuit, il m’a trouvé en larmes. Je lui ai demandé pourquoi il me traitait ainsi ; il m’a frappé et m’a violé sans protection. J’étais en période féconde. Au petit matin, je me suis échappée pendant son sommeil. J’ai pris les pilules et malgré cela je suis tombée enceinte. Avec l’aide de ma mère, j’ai essayé de faire une IVG mais cela a échoué. Finalement j’ai refusé de m’acharner et j’ai gardé ma grossesse. C’est ainsi que j’ai eu ma fille. Son père ne m’a pas soutenu pendant ma grossesse, il n’a jamais vu son enfant et je n’ai plus de nouvelles de lui.
Quelques années avant ce viol, j’avais subi un autre viol. J’avais fait la connaissance d’un garçon sur les réseaux sociaux et nous menions une relation à distance. Au départ c’était une amitié banale : causeries sur Messenger et appels téléphoniques. Je me confiais à lui. Longtemps resté dans la solitude, je ressentais le besoin de parler à quelqu’un et de me libérer. Je lui faisais confiance. Puis, un jour il m’annonce qu’il sera dans ma ville pour quelques temps. C’était la deuxième fois qu’on allait se voir physiquement. Il m’a demandé de passer le voir chez son frère chez qui il logeait.
J’étais impatiente de le rencontrer et j’ai accepté son invitation. A mon arrivée, il m’a offert une boisson que j’ai refusée. On parlait de tout et de rien lorsque subitement il s’est mis à me faire des attouchements. Je m’y suis opposé vigoureusement. Plus, je résistais, plus il y mettait de la force. Son frère qui assisait à la scène s’en foutait royalement malgré mes supplications. Son frère est sorti et nous a enfermés à l’intérieur.
Je me suis débattue comme j’ai pu mais il a pris de l’ascendant sur moi et m’a violé. Lorsqu’il a terminé sa sale besogne, il a constaté que je pleurais. Il s’est excusé et je suis rentrée. Je ne l’ai plus revu ; il a essayé de me recontacter mais je n’ai pas donné suite. Je me sentais une fois de plus coupable, je m’en voulais à moi-même ; c’est moi qui suis allée dans sa tanière. J’aurais dû rester chez moi.
4 ans plus tard, beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts. Il m’a laissé un message pour me dire qu’il n’arrivait pas à se refaire et s’excusait pour ce qui s’était passé. Sachant que j’ai un enfant ; il m’a assuré qu’il veut du concret, qu’il veut se rattraper et être un bon père pour ma fille. Cela a mis du temps mais je me sentais très seule. Je voulais une relation ; je voulais quelqu’un qui me connaissait déjà un peu.
Comme la dernière fois, il m’a donné rendez-vous m’assurant qu’il était avec des amis et qu’il ne me fera rien car il regrettait amèrement ce qu’il avait fait la dernière fois. Il m’a rassuré ; j’ai accepté son invitation et le même scénario s’est reproduit. Mais cette fois ci, c’était très violent. Il a confisqué mon téléphone et m’a brutalisé. Cette fois-ci, il m’a violé devant son ami qui a assisté à la scène sans réagir.
La douleur mon Dieu ! Il était comme possédé. Il m’a laissé des blessures partout au niveau de mon vagin. Je suis rentrée très déçue. Je m’en voulais d’être encore tombée dans son piège. Je suis allée à l’hôpital, on m’a prescrit des médicaments et des pommades. J’ai fait un certificat médical. Il fallait faire des examens approfondis. Je lui ai fait part de la situation mais il n’a pas réagi. Je l’ai supplié, je lui ai fait savoir que j’ai juste besoin qu’il achète seulement les médicaments et pas son argent. Je lui ai mis la pression pendant 3 jours et il n’a pas réagi. Je l’ai bloqué partout et j’ai décidé de me débrouiller seule. J’ai fait près de 2 semaines sans pouvoir mettre un slip ; les blessures s’infectaient progressivement.
Lorsque j’ai raconté à l’hôpital que j’avais subi un viol ; les soignants se sont mis à se moquer de moi en me lançant : « On viole une vieille fille ? », « Tu partais faire quoi là-bas ? », « C’est toi-même qui l’a cherché ! ». J’avais honte et me sentais coupable. J’ai renoncé à aller déposer une plainte : qui allait me croire ? Jusqu’à présent j’ai encore des douleurs anormales au bas ventre. Cette dernière affaire s’est passée, il y a un peu plus d’un mois.
J’ai aussi été violé par un prêtre en fin 2016. Ma vie n’est décidément que viol. C’est ma tante qui me l’avait conseillé pour qu’il m’aide avec toutes ces histoires que j’avais subies avec mon père. Il est devenu un père spirituel pour moi et m’aidait à travers la prière. Il me donnait de nombreux conseils. Il arrivait qu’on fasse des séances de prière en privé. C’est lors de l’une de ses séances qu’il m’a proposé de faire un pacte de sang avec lui. J’ai eu peur et j’ai refusé. Costaud et grand de taille, il m’a déshabillé de force, m’a immobilisé et a commis son forfait.
Tous ces événements m’avaient poussée à beaucoup boire et fumer à un moment mais cela n’a rien changé. Je n’arrivais pas à trouver la paix. J’ai décidé de trouver refuge dans la prière et de tout confier à Dieu. J’ai pardonné à tout le monde ; je serai désormais plus prudente et sage. Dieu veille sur moi.
C’est la sortie récente de l’artiste Daphné qui me pousse à parler.
Tous ceux qui souhaitent la soutenir ou même l’aider à rencontrer un psychologue, à trouver du travail ou même à envoyer sa fille à l’école peuvent me contacter.
Arol KETCH – 05.10.2020
Fourmi Magnan égarée

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