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12.11.2020 – 12.11.2021 : il y a un an mourrait Jerry RAWLINGS


Rawlings est né le 22 Juin 1947. Fils d’un Écossais et d’une mère Ghanéenne Éwé, Jerry John Rawlings fait ses études à l’Achimoto College, puis à l’académie militaire de Teshie. Nommé sous-lieutenant dans l’aviation ghanéenne en 1969, il est promu capitaine d’aviation et devient un excellent pilote.
Jerry Rawlings est un jeune capitaine d’aviation, à chaque fois qu’il effectue des vols, il constate depuis les airs que les bidonvilles ne font que s’agrandir au Ghana. Signe d’une pauvreté croissante. Rawlings décide de prendre ses responsabilités pour empêcher son pays de sombrer et stopper la paupérisation du peuple.
Il réunit ses amis et leur dit ceci :  » Ceux qui ont pillé le pays ne peuvent pas se retirer comme cela, en héros, et continuer ensuite à tirer les ficelles. Il ne peut y avoir de changement véritable dans ce pays sans « purification ». Il nous faut agir, et vite. Il faut une action vigoureuse, drastique, radicale pour purger le pays. Il faut punir les criminels d’État qui nous ont réduits à cette situation d’indignité ».
Rawlings et certains de ses frères d’armes, fomentent une première tentative de Coup d’Etat qui échoue. En effet, dans la nuit du 14 au 15 mai 1979, Rawlings et ses six compagnons tentent, avec le soutien de quelques dizaines de tireurs d’élite, une action désespérée. Faute de moyens et de préparation, ils sont arrêtés avant même d’avoir réellement mis leur projet à exécution.
Ils sont mis aux arrêts par le Conseil Militaire Suprême (SMC) qui dirigeait le pays depuis 1972.
Jerry Rawlings et ses camarades seront jugés publiquement par une cour martiale. C’est ce procès public qui contribuera à rendre Rawlings célèbre et adulé. Au cours de ce procès radiotélévisé, Rawlings retourne la situation en sa faveur ; il gagne les cœurs et la sympathie des ghanéens.
Voici un extrait de sa prise de parole :
« Je suis là pour mettre en garde les officiers supérieurs, les politiciens, les hommes d’affaires et les criminels étrangers contre notre colère. Ils se sont servis de notre sang, de nos sueurs et de nos larmes, bref, de notre travail pour s’enrichir et se noyer dans le vin, dans le sexe. Pendant ce temps, vous, moi, la majorité, nous luttions quotidiennement pour survivre. Moi, je sais ce que c’est que d’aller au lit avec un mal de tête provoqué par un ventre vide. »
« Je préviens ceux qui s’aviseraient d’aider les goinfres qui nous exploitent à fuir qu’ils paieront pour eux. Ils seront jugés,
Châtiés pour les privations qu’ils ont imposées au peuple. Je ne suis pas un expert en économie ou en droit. Mais, pour ce qui est de travailler affamer en se demandant quand et d’où viendra le prochain repas, je suis un expert, croyez-moi. L’heure du jugement est arrivée. Et ce n’est nullement une question de militaires contre civils, d’Akans contre Ewés, ou de Gas contre nordistes, mais de ceux qui possèdent contre ceux qui n’ont rien. Vingt-deux ans après l’indépendance, vous et moi continuons à cogner nos têtes contre le sort, contre le sol, en croyant que Dieu viendra nous sauver de leurs griffes. Il ne viendra pas si vous ne prenez pas vous-mêmes en main votre propre destin !


La France a tiré son salut d’une révolution. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union soviétique, la Chine, l’Iran aussi ! Laissez-moi vous dire que Dieu n’aide pas les gens qui dorment. Ne comptez pas non plus sur les gros messieurs que vous voyez passer dans de belles voitures. Ils ne peuvent pas vous aider, parce que leur ventre est plein ; leurs enfants mangent à leur faim et ils ont les moyens d’aller et venir où ils veulent, comme ils veulent. »
Malgré les lourds et graves chefs d’inculpation qui pèsent contre lui, il ne se démonte pas et accuse le régime militaire de corruption massive ; il pousse l’outrecuidance en exigeant que ses amis soient libérés car il était l’unique responsable de cette mutinerie :  » laissez partir les autres ! Exécutez-moi mais laissez-les partir, parce que je suis seul responsable. Mais sachez, vous, dirigeants corrompus, que vous ne continuerez plus longtemps à émasculer notre peuple. Vous paierez ! « 
La foule se déchaîne et acclame longuement l’accuser Rawlings. L’assistance se lève et le salue avec le poing levé.
Au terme du procès, Rawlings est condamné à mort mais il a déjà gagné le cœur des Ghanéens qui voient en lui un véritable patriote, mieux ; un sauveur. Il est alors vu comme un vrai fils du pays et même surnommé petit Jésus (Junior Jesus), du fait des initiales J.J.
Sur les murs du camp militaire où se déroule le procès, on peut lire les messages suivants :  » arrêtez ce procès sinon… »,  » Si vous voulez mourir, continuez à le juger ! »,  » La révolution ou la mort « , « la lutte continue »
Dans la nuit du 3 au 4 Juin 1979, soit quelques heures seulement après sa condamnation à être exécuté, des jeunes officiers militaires menés par le major Boakye Gyan font irruption dans la prison où Rawlings est détenu et le libèrent avant de l’amener directement à la radio pour faire une déclaration. Rawlings annonce avoir été libéré par ses camarades et annonce que l’armée passe sous son commandement.
Rawlings et ses hommes se sont embarqués dans ce qu’on a appelé le grand « nettoyage de maison ». Comme l’une de ses premières décisions fortes, Rawlings signe l’ordre d’exécution de trois anciens présidents militaires du pays : le général Akuffo, le général Ignatius Kutu Acheampong et le général Afrifa.
Après avoir dirigé le pays pendant 112 jours, Rawlings cède le pouvoir au nouveau président élu librement, Hilla Limann.
Face à l’incompétence du nouveau régime civil qui semble avoir sombré dans les mêmes travers que le régime précédent, Rawlings fomente un second coup d’État en 1981 et prend le pouvoir dans le but de redresser l’économie ghanéenne, de poser les jalons du développement économique du Ghana, de combattre la corruption et la mal-gouvernance, de mettre en place des institutions fortes et des procédures draconiennes incitant les élus à se mettre résolument au service du peuple.
C’est dans ce sillage qu’il déclarait quelques temps après sa prise de pouvoir : « Ce dont nous avons besoin, dans ce pays c’est de faire en sorte que, si le diable lui-même venait à gouverner au Ghana, certaines procédures, certaines pratiques l’empêcheraient de faire ce qu’il veut. Il serait obligé de faire ce que le peuple attend de lui ». Rawlings était à ce moment officier de l’armée de l’air de son pays et avait le grade de capitaine d’aviation (Flight Lieutenant) d’où son surnom de « Flight Lieutenant ». Ses nombreux partisans qui voyaient en lui le sauveur de la nation ghanéenne, l’avaient aussi surnommé « Jésus Junior » en référence à ses initiales « JJR » (Jerry John Rawlings).
Le « Flight Lieutenant » quitte l’armée, crée un parti politique, le National Democratic Congress (NDC) et se porte candidat aux élections présidentielles de 1992. Il est élu président en 1992, et réélu en 1996. La constitution n’autorisant que deux mandats consécutifs au maximum, il quitte le sommet de l’État au début de l’année 2001. Son héritage à la tête du Ghana est immense. Il a mis en place les bases de la démocratie, de la stabilité politique et de la croissance économique du Ghana.
Je raconte l’histoire des coups d’État Salvateurs en Afrique dans mon livre  » Les Coups d’État Salvateurs en Afrique ».
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Arol KETCH – 12.11.2021
Fourmi Magnan égarée

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